Le transfert de José Milano de la direction générale de Kedge BS à la direction générale déléguée du groupe Inseec U. est venue confirmer l’existence d’un véritable « mercato » au sein du monde des écoles de management françaises. Tout récemment Jean-Christophe Hauguel est passé de l’EM Normandie à l’ISC alors que Tawhid Chtioui a pris la direction de emlyon après avoir occupé par celle de l’ICD. Et si on remonte un peu plus loin dans le temps, Delphine Manceau est passée par l’EBS et ESCP Europe avant de rejoindre la direction de Neoma. Isabelle Barth a dirigé l’EM Strasbourg avant l’Inseec SBE. Etc. Etc. Pour autant il n’est pas non plus impossible de faire carrière dans la même école. C’est après 16 ans passés au sein de Toulouse BS que Stéphanie Lavigne vient d’en prendre la direction. Même trajectoire pour Christophe Germain au sein d’Audencia ou encore d’Emmanuel Métais à l’Edhec.
Un univers en profonde mutation. Ces deux dernières année ce sont treize Grandes écoles de management qui ont vu leur directeur changer. En trois ans on monte à 27 écoles sur une quarantaine d’écoles dont le programme Grande école possède le grade de master. Un vrai bouleversement qui correspond aussi à l’évolution d’un secteur de plus en plus concurrentiel. Car qu’ont en commun les « Sup de Co » des années 80 et les business schools des années 2010. En 30 ans on est passés de petits groupes centrés sur leur territoire à des entreprises mondialisées. Aujourd'hui une business school c’est plus de 5 000 étudiants – 12 000 pour Kedge et le double pour le groupe Inseec U. - plus d’une centaine de professeurs permanents, autant de personnels administratifs et des centaines d’intervenants. Une business school c’est aussi une communauté d’alumni, d’entreprises, de collectivités, d’universités partenaires dans le monde entier et même souvent de campus délocalisés. Le tout alors que leur business model évolue avec des chambres de commerce et d’industrie qui se désinvestissent petit à petit du secteur et des groupes privés qui y font leur entrée. Sans parler d’une concurrence internationale effrénée qui passe par la course aux accréditations et aux bons classements.
Quel est le profil idéal ? Face à ces défis les business schools sont à la recherche de managers capables aussi bien de dialoguer avec les banques qu’avec les professeurs. Capables de convaincre les entreprises de monter des chaires et les étudiants de débourser des frais de scolarité de plus en plus élevés. Le tout en montant des projets de partenariat dans le monde entier. Un mouton à cinq pattes le directeur d’une business school aujourd'hui ? Sans aucun doute quand on parcourt les fiches de postes pour lesquels il faut être à la fois trilingue, pédagogue, fin manager, mobile, capable d’entraîner ses équipes voire titulaire d’un doctorat (et quant à faire passé par une grande business school américaine). Si la plupart des directeurs sont aujourd'hui des professeurs des hommes d’entreprise comme José Milano trouvent également très bien leur place dans un univers de plus en plus proche de l’entreprise. D’anciens directeurs d’écoles d’ingénieur s’y sont également risqués. La plupart sans succès. Au contraire aujourd'hui c’est le n°2 de l’Essec – et ingénieur de formation – Nicolas Glady qui est pressenti pour prendre la direction de Télécom Paris. Une sorte de reconnaissance d’un modèle : celui du directeur de l’école de management à la française.
Publié le mardi 5 novembre 2019 . 3 min. 30
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d'Olivier Rollot
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