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Périodiquement, l’actualité vient nous rappeler le danger du conflit d’intérêts. Tantôt, il s’agit d’un médecin qui donne des avis d’experts alors qu’il est rémunéré par une entreprise. Tantôt, de journalistes dont les conjoints sont engagés en politique. Tantôt, de conseillers de l’Élysée ou de cabinets ministériels qu’on soupçonne de mélanger les genres. Il est donc utile de rappeler ce qu’est un conflit d’intérêts, et pourquoi il pose un problème.

Nos intérêts influencent notre jugement


Le conflit d’intérêts est une situation où l’on doit gérer plusieurs intérêts qui sont en conflit. Il ne consiste donc pas à tirer sciemment avantage de sa situation au profit de ses affaires personnelles. Ça, ça s’appelle « corruption », « prise illégale d’intérêts » ou « trafic d’influence ». Et au contraire de ces délits, le conflit d’intérêts n’est pas une infraction.

La distinction semble suggérer que, tant qu’on ne franchit pas le pas qui caractérise la corruption, il n’y a pas de problème. En d’autres termes, être exposé à la tentation ne serait pas un crime, du moment qu’on y résiste. C’est d’ailleurs invariablement la défense de ceux qui sont en situation de conflit d’intérêts : lorsque je remplis ma mission X, je suis capable de faire abstraction de mes intérêts Y – et si ce n’était pas le cas, vous le verriez.

Hélas, le problème est plus compliqué. Car d’innombrables travaux montrent que nos intérêts influencent notre jugement, même quand nous nous croyons sincèrement capables d’en faire abstraction. C’est le self-serving bias, ou biais à notre avantage. Par exemple, des avocats payés à la commission recommandent à leurs clients de transiger rapidement avec la partie adverse, tandis que ceux qui sont payés à l’heure sont plus enclins à aller jusqu’au procès. Des chirurgiens qui gagnent plus quand ils opèrent ont un biais similaire. 

Il n’y a même pas besoin que les intérêts en question soient réels. Dans une étude classique, on divise aléatoirement les participants en deux groupes correspondant aux deux parties d’un procès consécutif à un accident de la route. On leur demande ensuite, sur la base du même dossier, de prédire les dommages-intérêts que le juge va fixer. Le simple fait de s’être mis à la place d’une partie plutôt que de l’autre se traduit par une différence de près de 60% dans les estimations ! 

Le résultat du self-serving bias, c’est que, comme l’ont noté Bazerman et Moore, la majorité des violations éthiques se produisent sans que leurs auteurs n’aient jamais l’intention consciente de manquer à leur devoir. Ceux-ci reconnaissent l’existence en principe d’un conflit d’intérêts, mais se supposent capable, à titre personnel, d’en faire abstraction.

Comment la transparence aggrave les conflits d’intérêts


La méthode qu’on suggère souvent pour lutter contre les conflits d’intérêt, c’est la transparence. L’idée sous-jacente semble sensée : si je révèle l’existence de liens multiples, si je suis transparent sur mes conflits d’intérêts, ceux qui s’appuient sur mon jugement peuvent en tenir compte pour interpréter mes positions avec la distance qui s’impose.

Malheureusement, la transparence ne réduit pas les conflits d’intérêts – il est même possible qu’elle les aggrave. Pour le montrer, des chercheurs ont conçu une ingénieuse série d’expériences mettant en scène des conseillers biaisés et des décideurs qui tiennent compte (ou non) de leurs conseils. Ils ont constaté un double effet pervers : d’une part, les conseillers qui ont avoué leurs liens d’intérêts donnent des conseils encore plus biaisés – comme s’ils se sentaient « dédouanés » par leur aveu. D’autre part, les décideurs qui se croient informés corrigent bien les conseils reçus… mais pas suffisamment ! Au final, la décision est encore plus influencée par les intérêts du conseiller que s’il ne s’était pas exposé .


La conclusion s’impose : révéler les situations de conflit d’intérêt ne suffit pas à en prévenir les conséquences. La seule bonne attitude à adopter, c’est donc de ne pas participer aux décisions qui influencent nos intérêts personnels.


SOURCE : http://www.jstor.org/stable/3085636
SOURCE : http://www.jstor.org/stable/10.1086/426699


Publié le mercredi 03 avril 2019 . 4 min. 34

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