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Sur les 6 millions d’applis mobiles disponibles actuellement sur les principaux app-stores, seules 30% sont rentables pour les entreprises éditrices ! Certaines sources parlent même de 1%... Il faut y voir l’œuvre ravageuse de la concurrence qui, dans l’économie numérique, donne l’avantage aux premiers entrants, aux acteurs sachant atteindre rapidement une taille critique ou s’appuyer sur de puissants effets de viralité pour conquérir une large audience. Nous sommes ici clairement dans une logique où seuls quelques gagnants raflent toute la mise.


Malgré tout, ce marché aiguise bien des appétits. On estime ainsi que les applis mobiles rapportent près de 80 Md€ par an aux éditeurs au niveau mondial (ou plutôt à quelques éditeurs). Le chiffre d’affaires devrait dépasser la barre de 150 Md€ d’ici 2020 selon les prévisions de nos experts. Des revenus issus des applis payantes, ou encore des recettes publicitaires et des achats intégrés pour les applis gratuites. Mais les grands gagnants sont d’abord le quasi-duopole Google et Apple, grâce aux commissions prélevées sur toutes les transactions effectuées sur leurs plateformes.


Le marché des applis mobiles se compte donc en dizaines de milliards de dollars. Il est en forte croissance. Mais le retour sur investissement pour les développeurs apparaît beaucoup plus aléatoire. On comprend alors qu’en mettant le cap à l’international pour élargir leur audience, nos éditeurs français accroissent nettement leurs chances de réussite. On relève même quelques belles réalisations.


Je pense d’abord à l’application de rencontre Happn, implantée depuis 2016 en Inde. L’Inde, qui représente le 33e marché de Happn, revêt un potentiel de croissance considérable. Coyote, éditeur d’assistants à la conduite comptant 5 millions d’utilisateurs en Europe, cible quant à lui le marché nord-américain avec la création récente de sa filiale Coyote America. Il a également ouvert un laboratoire au Canada afin de développer une nouvelle version de son application mobile pour suivre les usages des nouvelles générations d’automobilistes. Citons également Deezer, utilisée par 10 millions d’utilisateurs actifs et en téléchargement dans plus de 180 pays. Au passage, l’appli mobile de Deezer est celle qui a généré le plus de chiffre d’affaires sur l’Apple Store et Google Play en France en 2016, juste derrière Adopteunmec.


Outre l’international, les ressorts de la croissance pour les éditeurs français se situent aussi au niveau des innovations technologiques. Je pense d’abord à la réalité augmentée, popularisée par le jeu à succès Pokémon Go, et qui devrait tirer profit de l’essor des accessoires de réalité virtuelle mobiles de Samsung ou Google. Je pense aussi à l’intelligence artificielle où la France dispose d’un écosystème foisonnant de start-up innovantes. Je citerai notamment Wiidii. Fondée en 2014, cette jeune pousse a mis au point une application qui assiste son utilisateur dans son quotidien et lors de ses déplacements. Son business model se veut innovant en couplant intelligence artificielle et offre de conciergerie traditionnelle pour séduire notamment le monde des entreprises.


Le besoin en capitaux des éditeurs français va donc nécessairement s’accroître. Ce qui devrait compliquer encore un peu plus l’équation financière de la plupart d’entre eux qui, certes, voient leur chiffre d’affaires fortement progresser, mais qui ne sont pas toujours rentables.


Finalement, la clé de la fortune ne serait-elle pas dans l’intégration au sein de plus grandes structures qui les aideraient à fortifier leur modèle ? C’est ce qui s’est passé pour le fleuron national des jeux vidéo Gameloft, racheté par Vivendi plus de 600 M€. C’est aussi le cas de Zenly, appli de géolocalisation en temps réel, rachetée en juin 2017 par l’américain Snapchat pour un montant compris entre 200 et 350 M$. Sauf que dans ce dernier cas, Snapchat n’est pas non plus rentable…


Publié le mercredi 18 octobre 2017 . 4 min. 08

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