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Comprendre la sérendipité : quand le hasard ne doit rien au hasard

Publié le mardi 11 octobre 2016 . 4 min. 47

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La sérendipité est devenu un terme très à la mode dans les business schools. On l’associe souvent de façon très simplificatrice au fait de découvrir quelque chose que l’on ne cherchait pas, ou à une innovation fortuite liée au hasard. En vérité, le hasard n’existe pas vraiment dans les actions humaines, et la sérendipité relève de mécanismes comportementaux conscients et inconscients bien plus complexes.


Le terme de sérendipité nous vient tout droit de l’anglais « serendipity ». Il a été inventé en 1754 par l’écrivain britannique Horace Walpole, qui s’était lui-même inspiré d’un conte persan relaté par le Français Louis de Mailly. Dans ce conte, il était question des aventures des Trois princes de Serendip, qui tels des détectives décryptaient toute une série d’événements de façon apparemment fortuite, mais surtout grâce à leur sagacité. Et oui, la sérendipité tient en fait bien plus de la perspicacité que du hasard comme on l’enseigne souvent à tort et à travers dans certaines écoles de commerce.


Pour saisir ce qu’est la sérendipité, mettons-nous dans la peau de Sherlock Holmes. Dans son travail de détective, le héros de Conan Doyle utilise son flair légendaire pour résoudre une énigme à partir d’indices insignifiants, parfois contradictoires ou sans liens apparents. En fait, ce personnage met en œuvre ce que le prix Nobel d’économie Daniel Kahneman désigne par système 1, un mode de pensée rapide et intuitif qui s’oppose au système 2, plus lent et plus logico-déductif. La sérendipité ne doit donc rien au « hasard heureux » comme on le lit trop souvent. Comme le disait Louis Pasteur : « le hasard ne favorise que les esprits préparés ».


En vérité, il y a deux conditions fondamentales à la découverte par sérendipité : la liberté et le savoir. Pour apporter de la clarté à mon propos, je vais m’appuyer sur l’exemple de l’invention de l’aspirateur cyclonique par James Dyson.


• La « liberté » tout d’abord. L’innovation par sérendipité exige de laisser la place à l’aléatoire, à l’échange, à la diversité, et à la prise de risque. L’inventeur James Dyson aurait eu l’idée de son aspirateur sans sac en observant un système d’épuration de l’air dans une scierie. En travaillant ensuite avec des ingénieurs japonais pour leur vendre sa technologie, Dyson a du affiner sa technologie cyclonique, une technologie qu’il a pris le risque de développer avec ténacité pendant près de quinze ans avant de produire son propre modèle. Mais il fallait encore être capable de transgresser le business model dominant des fabricants d’aspirateurs tels que Hoover, qui généraient l’essentiel de leurs bénéfices avec la vente de filtres et de sacs !

• La 2e condition de la sérendipité, c’est le savoir. Le savoir, c’est même une condition essentielle de la découverte par sérendipité. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si James Dyson a arrêté son attention sur le système d’épuration de l’air d’une scierie : en fait, il disposait d’une formation en dessin industriel, il était spécialiste du travail du bois, et il avait déjà passé une bonne dizaine d’années à concevoir des produits avant d’avoir l’idée de son aspirateur cyclonique. Il disposait en vérité de tous les éléments de connaissance techniques indispensables pour faire cette innovation.


Conjugués ensemble, l’exercice de la liberté et le savoir accumulé permettent l’étonnement et la créativité. Pour s’étonner, il faut déjà savoir identifier de ce que la règle peut avoir d’arbitraire ou d’aberrant. Être créatif, c’est finalement détecter et générer une configuration originale à partir de la connaissance d’éléments déjà connus.


Sans pouvoir ici être exhaustif, on peut donner quelques pistes impressionnistes sur les éléments qui favorisent l’innovation par sérendipité. Il faut d’abord insister sur la curiosité et la capacité de s’étonner. Un talent qui se renforce avec le goût pour la transgression des règles établies, la remise en cause du conformisme, le courage de s’opposer aux modèles dominants. La multidisciplinarité joue souvent un grand rôle, qui permet de détecter des configurations nouvelles à l’interface de plusieurs disciplines. Enfin, il faut aussi faire confiance à l’expérience accumulée dans ses émotions, et développer ses capacités d’intuition. Une démarche à l’opposé des modèles logico-déductifs privilégiés dans les sciences économiques et de gestion.


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