Les externalités sont constituées des effets positifs ou négatifs provoqués par un agent économique sur autrui sans contrepartie. En d’autres termes, la présence d’externalité s’observe lorsque l’action de particuliers, de ménages, d’entreprises, ou de collectivités publiques ont un impact sur le bien-être d’autres agents économiques, sans que les conséquences de cette action ne s’accompagnent d’une compensation financière. Il s’agit ainsi d’un effet induit qui affecte favorablement ou défavorablement d’autres agents économiques, et qui ne fait pas l’objet d’une transaction entre les parties concernées.
On attribue souvent à Arthur Cecil Pigou la popularisation de ce concept d’externalités. Ainsi, dans son livre l’économie du bien-être, publié en 1920, cet économiste britannique introduisait déjà le principe « pollueur-payeur ». Les travaux sur les effets externes se sont développés depuis, avec une distinction entre externalités positives et externalités négatives.
Les premières correspondent à des situations où l’action de l’un génère des conséquences positives pour les autres. C’est le cas de la mise en place d’équipements de transports en périphérie d’une ville, une ligne de métro ou de tramway par exemple. Non seulement les riverains bénéficient d’une facilité d’accès au centre-ville, mais l’amélioration des transports peut stimuler l’activité économique en encourageant l’implantation d’entreprises et stimuler le commerce, et donc la création d’emplois, mais aussi revaloriser le prix de l’immobilier. C’est une collectivité publique qui aura certes financé ces infrastructures, mais c’est tout un quartier ou une commune qui bénéficie gratuitement de ces externalités positives. Autre exemple, celui des activités de recherche et développement. Même financées par une seule entreprise, ses effets vont se diffuser dans tout le tissu économique en renforçant le stock de connaissances scientifiques et techniques. Les gains collectifs peuvent donc aller bien au-delà des gains privés liés aux dépenses de l’entreprise innovatrice.
Les externalités négatives apparaissent au contraire lorsque l’action d’un acteur a des effets négatifs sur les autres. L’exemple classiquement présenté est celui de la pollution : lorsqu’une entreprise pollue, cela engendre des nuisances (environnementales ou de santé publique) affectant le bien-être général. Malgré les désagréments causés, le pollueur ne verse aucune indemnité aux pollués, et n’est donc pas incité à réduire sa pollution. Il en est de même avec le fumeur de cigarettes : ce dernier peut provoquer une gêne pour son entourage, mais surtout, la consommation de cigarettes a globalement des effets négatifs en matière de santé publique, se traduisant par des coûts supplémentaires en termes de santé pour la collectivité.
Les externalités font partie de ce que les économistes appellent « les défaillances du marché ». En effet, en présence d’externalités, la poursuite des intérêts personnels des acteurs ne conduit pas à l’équilibre de marché, ni à la maximisation du bien-être collectif. Il y a deux raisons principales à cela. D’une part, aucun agent ne sera enclin à financer un bien ou un service dont les bénéfices peuvent être partagés par tous ; les agents préfèreront adopter un comportement de passager clandestin, c’est-à-dire profiter des effets positifs d’un bien ou service sans contribuer à son financement. D’autre part, les agents dont les activités sont sources d’externalités négatives n’auront aucun intérêt à réduire leurs actions puisqu’ils ne supportent pas le coût des nuisances causées.
C’est pourquoi un régulateur public doit intervenir pour pénaliser les activités génératrices d’externalités négatives, et pour soutenir celles qu’il juge porteuses d’externalités positives profitables au plus grand nombre. Ces externalités posent des questions majeures de politique publique. De nombreux instruments peuvent ainsi être mis en œuvre pour « ré-internaliser » ces externalités sous forme d’incitations ou de dés-incitations : on peut ainsi évoquer la règlementation, les normes, la taxation, mais aussi des subventions, voire la création de nouveaux marchés comme c’est le cas du marché des droits à polluer.
Publié le jeudi 07 septembre 2017 . 4 min. 29
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