Du stylo à l'IA : taper des textes sans penser ni réfléchir

L’écriture manuscrite disparaît progressivement, emportant avec elle bien plus que le geste de la main : la capacité à réfléchir et à structurer nos idées. La calligraphie d'autrefois, avec ses pleins et déliés, incitait à la lenteur, à la méditation, chaque mot étant soigneusement pesé. Même le stylo-bille, bien qu'il simplifiait l’écriture, laissait place aux ratures, témoignant de nos hésitations et de nos cheminements intellectuels.

Aujourd’hui, le clavier et la vitesse ont remplacé cette réflexion. Taper un texte est devenu un acte automatique, sans réelle pensée ou mémorisation. Nous sommes devenus des humains robotisés. Les smartphones, avec leurs claviers virtuels, accélèrent encore ce processus. Certes nos deux pouces y ont gagné une dextérité étonnante. Mais bien que le correcteur orthographique ait amélioré la forme, la profondeur de la pensée s’est une nouvelle fois appauvrie. Quant à l’intelligence artificielle, elle se fiche bien de vos fautes et hésitations : avec de trois lignes de prompts elle vous construit un texte complexe et structuré, sans passer par votre pensée.

Et voilà  l’essor de la saisie et de la réponse vocale. Une nouvelle étape est franchie dans cette automatisation de l’écriture. Parler pour écrire ne nécessite plus d’effort intellectuel ni de structure. Les mots coulent sans réflexion profonde, et l’IA se charge de tout organiser. Si cette tendance continue, la réflexion elle-même risque de disparaître, remplacée par une simple externalisation des idées. Bientôt, peut-être, nos pensées seront directement traduites en texte, sans passer par nos propres mots, nous rendant ainsi incapables de construire une véritable réflexion.

Si nous n’y prenons garde, nous risquons de devenir de simples automates, débitant des idées superficielles sans profondeur ni véritable analyse.