C’est le procès que la Silicon Valley redoutait. Les charges contre Google ne cessent d’augmenter depuis l’ouverture d’un procès historique en septembre 2023 : le gouvernement américain contre Google. Pour la première fois depuis celui de Microsoft en 1998, l’idée même de démanteler un géant du numérique est sur la table. Mais contrairement à 1998, le climat politique est très polarisé : les démocrates mènent l’offensive au nom de la régulation économique, tandis que les républicains oscillent entre méfiance idéologique envers les plateformes — accusées de censurer les conservateurs — et défense du libre marché. Résultat : la tech est critiquée des deux côtés, mais pas pour les mêmes raisons. Mais il faut compter aussi sur les réactions imprévisibles de Trump.
Une double domination : recherche et publicité
Le premier volet du procès vise le moteur de recherche, cœur du modèle Google. En verrouillant sa présence comme moteur par défaut sur iPhone, Android, Safari ou Chrome, Google occupe plus de 90 % de parts de marché. Le second dossier, tout aussi explosif, concerne la publicité numérique. Google est à la fois place de marché, fournisseur d’outils pour les annonceurs et détenteur des données. Selon la juge Leonie Brinkema, cela revient à être juge, partie et arbitre sur tout le système publicitaire.
L’État fédéral veut frapper fort
Le Département de la Justice (DOJ) ne veut pas d’un simple accord à l’amiable ou d’une amende. Il demande des remèdes structurels : cession du navigateur Chrome, séparation d’Android, voire interdiction de certains contrats d’exclusivité. Le mot est lancé : démantèlement. Et pas pour le symbole. Pour rétablir une vraie capacité concurrentielle sur le marché.
Google plaide la performance, pas la coercition
La riposte de Google s’articule autour de trois idées. Premièrement, ses parts de marché reflètent la préférence des utilisateurs, pas une coercition. Deuxièmement, des alternatives existent : Bing, DuckDuckGo, Ecosia. Si elles ne percent pas, ce serait une affaire de qualité. Enfin, démanteler Google nuirait à la sécurité, à la confidentialité… et à l’innovation, notamment dans l’intelligence artificielle, où la firme est en pointe avec DeepMind et Gemini.
Démanteler Google : possible… mais long
Peut-on démanteler Google ? En théorie, oui. En droit, la Sherman Antitrust Act le permet. Le démantèlement de Standard Oil en 1911 ou d’AT&T en 1982 en sont les précédents. Mais dans la pratique, la procédure est longue, coûteuse, incertaine. Google fera appel, mobilisera des armées d’avocats, retardera chaque étape. Le verdict attendu à l’été 2025 n’est qu’un début. Ce contentieux pourrait durer 5 à 10 ans, et n’aboutir que sous une autre administration que celle de Trump.
Ce qui est en jeu : la souveraineté numérique
La vraie question dépasse Google : ce procès pose la question de la souveraineté des États face aux plateformes globales. Peut-on encore réguler ces géants sans frontières ? Peut-on préserver la concurrence, l’innovation et la démocratie sans toucher aux empires numériques ? Démanteler Google ne serait pas une revanche, mais un test. Celui de la capacité des institutions à reprendre la main sur un monde digital qui leur échappe.
Une ère de prédateurs numériques
Cette dynamique évoque les analyses de Giuliano da Empoli dans son essai L'heure des prédateurs (Gallimard, 2025). L’auteur y décrit une époque où les « seigneurs de la tech » agissent comme des prédateurs politiques, exploitant les failles des régimes démocratiques pour consolider leur pouvoir global. Le procès de Google s’inscrit dans cette tentative des États de réaffirmer leur autorité face à des acteurs devenus plus puissants que nombre de gouvernements.
Une double domination : recherche et publicité
Le premier volet du procès vise le moteur de recherche, cœur du modèle Google. En verrouillant sa présence comme moteur par défaut sur iPhone, Android, Safari ou Chrome, Google occupe plus de 90 % de parts de marché. Le second dossier, tout aussi explosif, concerne la publicité numérique. Google est à la fois place de marché, fournisseur d’outils pour les annonceurs et détenteur des données. Selon la juge Leonie Brinkema, cela revient à être juge, partie et arbitre sur tout le système publicitaire.
L’État fédéral veut frapper fort
Le Département de la Justice (DOJ) ne veut pas d’un simple accord à l’amiable ou d’une amende. Il demande des remèdes structurels : cession du navigateur Chrome, séparation d’Android, voire interdiction de certains contrats d’exclusivité. Le mot est lancé : démantèlement. Et pas pour le symbole. Pour rétablir une vraie capacité concurrentielle sur le marché.
Google plaide la performance, pas la coercition
La riposte de Google s’articule autour de trois idées. Premièrement, ses parts de marché reflètent la préférence des utilisateurs, pas une coercition. Deuxièmement, des alternatives existent : Bing, DuckDuckGo, Ecosia. Si elles ne percent pas, ce serait une affaire de qualité. Enfin, démanteler Google nuirait à la sécurité, à la confidentialité… et à l’innovation, notamment dans l’intelligence artificielle, où la firme est en pointe avec DeepMind et Gemini.
Démanteler Google : possible… mais long
Peut-on démanteler Google ? En théorie, oui. En droit, la Sherman Antitrust Act le permet. Le démantèlement de Standard Oil en 1911 ou d’AT&T en 1982 en sont les précédents. Mais dans la pratique, la procédure est longue, coûteuse, incertaine. Google fera appel, mobilisera des armées d’avocats, retardera chaque étape. Le verdict attendu à l’été 2025 n’est qu’un début. Ce contentieux pourrait durer 5 à 10 ans, et n’aboutir que sous une autre administration que celle de Trump.
Ce qui est en jeu : la souveraineté numérique
La vraie question dépasse Google : ce procès pose la question de la souveraineté des États face aux plateformes globales. Peut-on encore réguler ces géants sans frontières ? Peut-on préserver la concurrence, l’innovation et la démocratie sans toucher aux empires numériques ? Démanteler Google ne serait pas une revanche, mais un test. Celui de la capacité des institutions à reprendre la main sur un monde digital qui leur échappe.
Une ère de prédateurs numériques
Cette dynamique évoque les analyses de Giuliano da Empoli dans son essai L'heure des prédateurs (Gallimard, 2025). L’auteur y décrit une époque où les « seigneurs de la tech » agissent comme des prédateurs politiques, exploitant les failles des régimes démocratiques pour consolider leur pouvoir global. Le procès de Google s’inscrit dans cette tentative des États de réaffirmer leur autorité face à des acteurs devenus plus puissants que nombre de gouvernements.
Publié le jeudi 24 avril 2025 . 4 min. 15
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