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Les 4 S de l’investissement immatériel

Publié le mercredi 13 juin 2018 . 4 min. 30

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Le début du 21e siècle marque l’avènement d’un capitalisme sans capital. Dans leur dernier ouvrage, les économistes Stian Westlake et Jonathan Haskel décrivent et tirent toutes les implications stratégiques d’un monde où c’est désormais le capital immatériel (c’est-à-dire les process, les marques ou le savoir-faire) qui représente la majorité de l’investissement des entreprises.


Ce changement dans la nature de l’investissement des entreprises n’est pas neutre à bien à des égards, notamment parce que l’investissement immatériel présente des caractéristiques bien spécifiques que les auteurs appellent les quatre « S ».


Premier S, comme scalability. Issu de l’informatique, ce terme exprime ici l’idée que l’investissement immatériel est assez largement indépendant des volumes. Prenons l’exemple d’une chaîne de restaurants. Le coût de remise à niveau de ses points de vente implique un investissement matériel directement fonction du nombre de restaurants concernés. En revanche, le coût de développement du nouveau concept de restaurant (comme sa carte, sa marque ou ses recettes) est pratiquement le même que l’entreprise détienne vingt, cinquante ou cent restaurants. L’investissement immatériel étant largement à coûts fixes, il incite les entreprises à recouper leurs investissements sur des volumes aussi larges que possibles, créant par là des barrières à l’entrée conséquentes.


Deuxième S, comme Sunk costs, ou coûts irrécupérables. Reprenons l’exemple de la chaîne de restaurants. Si elle est confrontée à des difficultés, elle pourra toujours céder des actifs matériels comme les murs de ses restaurants ou les équipements qui s’y trouvent. En revanche, elle aurait bien du mal à donner un prix et à trouver un acheteur pour son nouveau concept de restaurant : autrement dit, l’investissement immatériel tend à être illiquide, car spécifique à l’entreprise. La valeur des entreprises à fort capital immatériel est ainsi plus difficile à évaluer : ceci peut tout aussi bien peser sur leur capacité à lever des fonds si leur actif est sous-évalué, que produire des bulles spéculatives si les investisseurs surestiment la valeur de l’actif immatériel et ses futurs cash-flows.


Troisième S, comme Spillovers, ou retombées économiques. L’investissement immatériel bénéficie non seulement à l’entreprise qui l’a consenti, mais aussi bien au-delà : si le nouveau concept lancé par la chaîne de restaurants rencontre un grand succès, il est très probable que ses concurrents s’en inspirent. De la même manière, si le nouveau concept a exigé un effort important de formation du personnel, cet effort bénéficiera dans un premier temps à l’entreprise seule, et plus tard à toutes les entreprises où le personnel travaillera. Les retombées de l’investissement immatériel vont donc bien au-delà des seules frontières de l’entreprise, ce qui pose un certain nombre de problèmes. Entre autres, ceci peut conduire à des stratégies de protection abusive de la propriété intellectuelle où une entreprise cherche par tous les moyens à faire payer tous ceux tirant parti de son investissement, ou au contraire conduire à des comportements mimétiques et opportunistes décourageant l’innovation.


Quatrième S enfin, celui de Synergies. Par synergie, on entend un effet original né de la combinaison de deux éléments distincts. Ces synergies sont vraies de l’investissement traditionnel : une nouvelle voie ferrée aura plus de valeur si des usines se trouvent à proximité pour y livrer du fret, et des industriels auront un avantage logistique à bénéficier d’une ligne ferroviaire toute proche. Toutefois, l’investissement immatériel a une spécificité : les idées se partagent plus vite, voyagent plus loin et entre des domaines plus éloignés. Pour tirer un parti maximal de ces possibles synergies, les entreprises doivent donc ouvrir leurs horizons et ne pas compter que sur leurs seuls efforts. C’est cette propriété de l’investissement immatériel qui explique largement le phénomène de l’innovation ouverte.


Les conséquences de ces quatre S de l’investissement immatériel sont innombrables. L’une d’elle est déjà visible : c’est l’émergence de super-firmes internationales aux positions monopolistiques sur leurs marchés respectifs comme Google, Amazon, Apple et Facebook, pour le meilleur comme pour le pire.


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