Les algorithmes envahissent le quotidien des professions très qualifiées : audit-comptabilité, commissaires aux comptes, analystes financiers, traders et même avocats et consultants. Ces programmes informatiques, encore trop souvent confondus avec des outils d’intelligence artificielle de type machine learning, obligent à redéfinir le contenu de ces professions. Évidemment, l’essor des algorithmes renvoie aussi fatalement à la question de l’emploi et des rémunérations, avec une interrogation lancinante : les plus diplômés ne risquent-ils pas d'être eux aussi progressivement concurrencés par des robots ?
Prenons d’abord la mesure de cette révolution à travers quelques exemples.
Dans les services juridiques, des plateformes comme Captain Contrat ou LegalStart proposent aux TPE, en quelques clics, et pour une somme modique, la rédaction d’un contrat de travail, des statuts de l’entreprise ou d’une injonction à payer, le tout en temps réel. Des programmes informatiques font preuve d'une compétitivité redoutable pour remplacer les copier-coller sur des tâches certes à faible valeur ajoutée intellectuelle. Mais ce n'est qu'un début ! Les outils numériques sont d'ores et déjà bien plus menaçants dans les professions du chiffre. Des solutions informatiques de 4e génération comme Xero promettent un bouleversement sans précédent. Du côté du conseil en gestion de patrimoine, des robo-advisors comme Fundshop ou Yomoni émergent en se positionnant comme de véritables conseillers virtuels en matière d’épargne personnelle. Quant aux grandes sociétés de conseil en management et en stratégie, elles se font ubériser par des plateformes de mise en relation d’envergure mondiale tandis que des solutions big data et des programmes d'intelligence artificielle sont déjà en mesure de rechercher des données puis de les traiter, les analyser, et de rédiger des parties entières de rapports.
De fait, de plus en plus de métiers encore considérés comme très qualifiés vont subir le choc des plateformes numériques de désintermédiation. Bien plus, des missions qui exigent des connaissances et une compétence logico-déductive sophistiquées vont de plus en plus être prises en charge par des robots.
Une chose est certaine : les temps s'annoncent très difficiles pour les professionnels qui ne seront pas en mesure de domestiquer ces robots, d'apporter une couche de valeur ajoutée d'intelligence humaine hors de portée pour ces logiciels et algorithmes, de détecter des niches de marché à l’abri des programmes automatisés et des plateformes d'ubérisation.
Face à l’offensive de modèles d’affaires 100% numériques, des acteurs traditionnels organisent certes déjà la riposte en s’appropriant en interne ces technologies. Le temps gagné sur l’automatisation de tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée doit être ainsi consacré à des missions à plus forte valeur ajoutée.
Par exemple, des experts-comptables se positionnent sur le conseil en gestion auprès des chefs d’entreprise et endossent parfois une casquette plus commerciale pour diversifier leur gamme de services. Grâce aux moteurs de recherche juridique et aux avancées en matière d’intelligence artificielle, les avocats doivent renouveler leur offre, apporter plus de conseil, se montrer plus stratèges.
En d’autres termes, les professions intellectuelles doivent riposter à l'automatisation en apportant de nouveaux talents hors de portée de la machine et des offres standardisables. Il va falloir faire preuve de beaucoup de curiosité, de culture générale, de créativité, d'esprit stratège, de compétences managériales, relationnelles et de talents commerciaux pour rester dans la course. Autant de compétences qui deviennent indispensables pour échapper à la concurrence des robots, aux pressions concurrentielles déflationnistes et à l'appétit naturel des clients pour capter les gains de productivité de leurs partenaires en exigeant d’eux des baisses d'honoraires…
Publié le jeudi 18 mai 2017 . 3 min. 59
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