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Airbnb valait 25Md$ fin 2015 mais sa profitabilité ne sera sans doute pas au rendez-vous avant 2020. Blablacar, le spécialiste français du covoiturage, affichait pour sa part une valorisation de 1,6 Md$ fin 2015. Pourtant, il n’est toujours pas rentable. Cette déconnexion entre la valorisation des plateformes issues de l’économie dite collaborative et leur rentabilité ne concerne pas que ces deux acteurs. Selon l’étude Precepta sur la consommation collaborative, seul un tiers des sociétés intervenant sur le marché français sont rentables.

 

Il n’est pas question ici de savoir si une bulle est en train de se former ou non, ni de comprendre les motifs stratégiques qui justifient la confiance des investisseurs, mais plutôt d’analyser les 3 points faibles des entreprises « collaboratives ».

 

1er point faible : l’évolution défavorable du cadre législatif. Pour le moment, les pouvoirs publics ont encore très peu légiféré sur l’activité de ces plateformes dans un sens ou dans un autre. Mais cela risque de changer dans les prochaines années. Certes il y a déjà eu la réforme de la finance participative et qui lève les freins règlementaires au développement des plateformes de crowdfunding. En revanche il y a eu la loi Thevenoud relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeurs qui a interdit Uberpop en France. Quant à Airbnb, son activité est depuis peu sous haute surveillance dans quelques grandes métropoles comme Berlin, New York, Barcelone ou Paris. A ces initiatives s’ajoute la distorsion de concurrence dénoncée avec force par les acteurs conventionnels (comme les taxis, les hôteliers ou les restaurateurs). Autant d’éléments qui laissent planer une épée de Damoclès sur les conditions futures d’exercice de ces plateformes.

 

2e point faible : l’inévitable durcissement du jeu concurrentiel. De nombreuses start-up de la consommation collaborative naissent chaque jour sur le web. Mais seule une partie résistera car il n’y a pas de place pour tout le monde. Et ce seront souvent les primo-accédantes qui subsisteront, celles qui auront été les premières à enclencher le cercle vertueux des « effets de réseaux », c’est-à-dire la capacité à fédérer une communauté d’offreurs, d’utilisateurs ou d’annonceurs la plus importante possible et qui rend la plateforme attractive. Or, cette véritable course à la taille aboutira à une situation quasi-monopolistique sur chaque marché, avec un ou deux acteurs dominants et une nuée de plateformes occupant des niches.

 

3e point faible : la difficile atteinte du seuil de rentabilité. Je rappelle que ces plateformes collaboratives opèrent largement à coûts fixes. Pour mobiliser les effets de réseaux, les plateformes doivent certes investir dans la technologie, mais aussi le marketing et la communication pour émerger sur la toile, se faire connaître, capter une audience toujours plus large et la fidéliser. Cela sous-entend aussi d’innover sans cesse pour maintenir ses positions et ne pas se laisser distancer… Le problème c’est que tout cela grève les résultats des plateformes, d’autant que la concurrence s’accroît comme nous l’avons vu. Pour le moment, la grande majorité des plateformes collaboratives sont encore dans une phase active de levée de fonds, sans pour autant atteindre le seuil de rentabilité, même après plusieurs années d’existence.

 

Ces incertitudes qui planent sur l’activité et l’environnement législatif et concurrentiel des plateformes collaboratives révèlent une chose : celles-ci doivent aujourd’hui faire évoluer leurs business models pour le rendre plus soutenable. Et l’une des solutions serait de nouer des alliances avec des acteurs conventionnels qui leur apporteraient stabilité et solidité…


Publié le mercredi 30 mars 2016 . 3 min. 57

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