Après les grèves des transports fin 2019, l’épidémie de Covid-19 fragilise lourdement le secteur hétéroclite des services à la personne. Un secteur qui va du soutien scolaire, aux prestations de ménages en passant par l’accompagnement des personnes âgées ou des petits travaux de bricolage. Un secteur qui mettra de longs mois pour se remettre du choc du confinement tant ses impacts ont été nombreux. Et la demande va sans doute plier compte tenu des pressions à venir sur le pouvoir d’achat des ménages. De nombreuses défaillances de sociétés de services à la personne sont donc à prévoir dans un secteur qui reste extrêmement atomisé. Pour autant, certains segments semblent résister. C’est le cas de l’aide aux personnes âgées qui a poursuivi une part importante de son activité en phase de confinement et qui pourrait tirer son épingle du jeu dans les mois qui viennent selon l’étude Xerfi-Precepta.
À court terme, la priorité pour les acteurs des SAP sera donc de traverser ce choc grâce à des mesures de sauvegarde : ajustement des effectifs, rationalisation accrue des coûts fixes, sécurisation des financements, PGE, reports de charges... Toutefois, les fondamentaux du marché à l’origine de la croissance rapide des réseaux privés de services ne semblent pas altérés. Outre l’effet démographique et celui lié au vieillissement et à la dépendance, l’État joue toujours un rôle déterminant via les dispositifs fiscaux. Et il le jouera encore à l’avenir compte tenu du poids des SAP en matière d’emploi non ou peu qualifié en France. La crise n’a pas pour autant résolu ni les difficultés de recrutement ni les problèmes liés à la qualité toujours très variable des services proposés. Les acteurs des services à la personne vont aussi devoir rassurer pour reconquérir la demande et tenter de revenir à une activité « normale ».
Au-delà de 2020, les grands réseaux privés généralistes tels Oui Care, MDSAP, A2micile, Axeo Services, et d’autres encore, apparaissent bien armés pour s’imposer dans le jeu concurrentiel qui se dessine grâce à leur profil diversifié sur l’ensemble des services. La réputation des réseaux privés spécialisés, comme Adhap ou Age d’Or Services, leur confèrent également un avantage. Eux devront accroître leur déploiement sur d’autres types de services afin d’augmenter leurs volumes pour mieux couvrir leurs coûts fixes. La crise va également faire évoluer le paysage concurrentiel au niveau des plateformes digitales. Certes, les initiatives se sont multiplié ces dernières années laissant planer le spectre d’une possible plateformisation du secteur avec à leur tête des pure players comme Aladom ou Youpijob. Mais cet univers risque aussi de se structurer davantage entre la multiplication inévitable des défaillances de plateformes et l’offensive d’opérateurs endogènes ou exogènes au secteur des SAP et en quête de croissance. Un mouvement qui a débuté en 2018 avec le rachat de Stootie par Cdiscount ou, plus récemment, de Famihero par Oui Care.
On l’aura compris, la crise va exacerber les tendances déjà à l’œuvre dans les services à la personne. Et son choc sera rude pour les réseaux ou les plateformes les plus fragiles…
Publié le lundi 31 août 2020 . 3 min. 13
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