Déjouer les risques : vers une vision systémique et agile

Cette approche, que je propose aux côtés de Sophie Cros, remet en question cinq idées reçues sur la gestion des risques. Premièrement, il est essentiel de se concentrer sur les besoins de l'entreprise et de ses parties prenantes plutôt que de dresser des listes interminables de risques. Deuxièmement, l'approche traditionnelle de classification des risques par typologie doit être remplacée par une approche systémique, prenant en compte les interactions et interdépendances entre les différents risques.
Troisièmement, l'évaluation des risques ne doit plus reposer sur le couple gravité/fréquence, notamment en raison de la notion de probabilité qui, avec son approche inductiviste, ne permet pas de concevoir les risques émergents. En effet, la cartographie des risques doit plutôt représenter les relations de cascade, tenant compte des causalités entre les événements. Quatrièmement, la gestion des risques ne doit plus être centralisée au sein de l'entreprise, mais décentralisée pour permettre une plus grande réactivité face aux risques émergents.

Enfin, il est temps de remettre en question la gestion des risques comme une discipline distincte de la gestion de crise et de la continuité d'activité. Une approche intégrée de la gestion des risques est nécessaire pour permettre une réponse coordonnée et efficace en cas de crise.

Cette nouvelle approche de la gestion des risques, basée sur une vision systémique des risques, une évaluation plus nuancée et une gouvernance plus agile, doit permettre aux entreprises de mieux appréhender les incertitudes et les menaces auxquelles elles sont confrontées. Les entreprises ont besoin d'un esprit créatif pour impulser une dynamique de transformation, et non d'un simple comptable des risques. Le gestionnaire des risques doit devenir un catalyseur de changement, responsabilisant les propriétaires des risques et garantissant la pertinence des approches de gestion des risques dans l'entreprise.