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C’est un cliché, mais souvent les clichés sont justes : nous vivons dans une période de grande incertitude. Et cette incertitude, il faut bien que nous arrivions à en parler. C’est ce que nous faisons quand nous disons que nous allons « probablement » revenir au bureau à telle date ; ou que la demande de nos clients ne va « probablement pas » retrouver son niveau normal avant « un certain temps ».


Le problème, c’est que ces termes du langage courant pour parler de probabilité sont ambigus, et interprétés de manière très variable.


Prenons un exemple. Le GIEC (groupe international d’experts sur le climat) produit des rapports sur le changement climatique. C’est un sujet sur lequel il est évidemment capital de dire clairement quand on est certain, moins certain, pas sûr, etc.. Pour ce faire, les scientifiques du GIEC se sont mis d’accord sur un lexique précis : quand ils disent « pratiquement certain », c’est que la probabilité est supérieure à 99 % ; « très probable » veut dire qu’elle est de plus de 90 % ; et ainsi de suite.


Les auteurs sont donc clairs quant au niveau de certitude (ou d’incertitude) qu’ils souhaitent communiquer. Mais est-ce cela que les lecteurs comprennent ? Pas du tout ! Une équipe dirigée par le psychologue David Budescu a soumis ces termes au public dans 24 pays  et demandé aux personnes interrogées quelles probabilités elles comprenaient. L’écart est inquiétant : quand le GIEC écrit « très probable », il veut dire « 90% de chances », mais les lecteurs, en moyenne, comprennent « 65% de chances ».  Et cette moyenne elle-même ne veut rien dire, car le chiffre varie énormément d’une personne à l’autre.
Qu’en est-il de l’incertitude chez les managers ? Comme l’a montré Michael Mauboussin, c’est la même chose. « Toujours » veut dire, pour presque tout le monde, « dans 100% des cas » (heureusement !). Mais l’expression « une possibilité réelle » est interprétée, selon les personnes, comme signifiant 20% de probabilité... ou 80%.


Si ces termes sont ambigus, pourquoi choisissons-nous, alors, de les utiliser ? En partie, bien sûr, c’est précisément parce qu’ils sont ambigus, et que comme on sait depuis le cardinal de Retz, on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment… Utiliser des mots vagues, c’est une manière se couvrir : « je vous avais bien dit qu’une réaction brutale de notre concurrent était une possibilité réelle »… Mais précisément pour cette raison, les récepteurs de ces plans et de ces estimations ont tout intérêt à exiger de la clarté. Ce qui veut dire : communiquer son degré d’incertitude.


Il y a plusieurs manières de communiquer un degré d’incertitude, et une étude anglaise vient justement de les tester auprès du public. Les chercheurs ont testé trois manières différentes de présenter des résultats scientifiques ou économiques : la présentation habituelle (« il y a 1,484 million de chômeurs »). Ensuite, l’intervalle de confiance statistique (« le nombre de chômeurs est entre 1,413 et 1,555 million »). Enfin, la nuance qualitative (« il y a une certaine incertitude sur ce chiffre, qui pourrait être plus élevé ou plus bas »).


La question qui intéressait le plus les chercheurs, c’était de savoir si ces différentes présentations affectent la confiance qu’a le public dans l’émetteur du message. Car on nous recommande souvent de ne pas admettre nos incertitudes, pour ne pas affaiblir la clarté du message, et pour donner une impression de compétence. C’est pour cela qu’on voit beaucoup de gens, y compris sur des sujets très incertains, s’exprimer avec un aplomb remarquable. Ont-ils raison ? Faut-il affecter la certitude pour être crédible ?


La réponse de cette étude est globalement non : contrairement à l’idée reçue, on ne se discrédite pas en admettant son incertitude. Avec une nuance : quand l’incertitude est exprimée en mots, elle peut affaiblir légèrement la confiance dans l’émetteur du message. Quand, en revanche, on fournit une fourchette de chiffres, la confiance est intacte. Tout se passe comme si le public se disait : voilà des gens qui ne font pas semblant d’en savoir plus qu’ils n’en savent vraiment. Et comme s’il leur en savait gré.


Il n’est pas du tout certain que cette conclusion s’applique aussi à des managers (dont on a plus de raisons d’attendre de la confiance en eux) et pas seulement à des scientifiques. Mais dans un cas comme dans l’autre, une chose est sûre : l’incertitude est une réalité dont il faut que nous apprenions à parler.  Entretenir le flou sur l’incertitude, c’est comme balayer la poussière sous le tapis : ça ne la fait pas disparaître.


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