Le dirigeant conduit l’action collective organisée. Cela suppose l’animation et la conduite des collaborateurs et passe par une compréhension fine des ressorts de la nature humaine pour parvenir à motiver ses collaborateurs à s’impliquer dans ce qui est attendu de l’organisation.
Cette vision est critiquée car elle vise à amener les collaborateurs à contribuer à un projet qui ne serait pas nécessairement le leur s’ils en avaient le choix. Dit autrement, travailler la pâte humaine ne saurait être neutre.
Or, en matière de conduite des hommes et des femmes, la palette du leader est limitée. Alain Charles Martinet rappelait que le leader est condamné à choisir entre 4 registres :
1-Faire technologique : manœuvrer les choses (et échapper ainsi aux exigences, à la profondeur et aux méandres de la nature humaine)
2-Faire technocratique : manœuvrer les personnes comme des choses (nier ou ignorer la nature humaine, ce qui est pour le moins détestable)
3-Faire politique : manœuvrer les personnes (ou réenchanter le monde, si l’on souhaite positiver)
4-Faire magique : manipuler les choses comme les personnes (le golfeur qui parle à sa balle pour la faire revenir vers le drapeau – ou le gourou qui invoque des forces surnaturelles pour manipuler ses prochains et prochaines)
Une analyse rapide permet bien vite de comprendre que trois de ces 4 options ne sauraient fonctionner ou être acceptables pour l’action managériale et qu’il ne subsiste guère que le Faire Politique : mobiliser la puissance du verbe, la capacité de conviction, mais aussi plus prosaïquement la domination hiérarchique pour « vendre » à ses collaborateurs le projet qu’on souhaite les voir mettre en œuvre, en espérant qu’ils y adhérent.
Nos sociétés valorisent le travail comme condition du bien-être individuel et social. Le salariat, protecteur, suppose l’adhésion et la participation volontaires et délibérées à un projet tiers, celui de l’entreprise et de ses dirigeants. Alors que les chômeurs, dépourvus de travail, se sentent déchus et exclus, nombre de philosophes et de sociologues posent néanmoins la question des finalités : nos sociétés ont permis un mieux-vivre économique et social spectaculaire mais au prix d’un « investissement individuel » que certains voient comme potentiellement aliénant alors que le « faire politique » le présente comme source d’épanouissement.
Il est deux lectures possibles du leader qui fait politique pour embarquer ses collaborateurs autour de son projet : celui, critique, du discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie ou cette belle métaphore constructive de Saint Exupéry : « si tu veux construire un bateau, ne commence pas par ramasser du bois, couper des planches et répartir le travail, mais, réveille dans le cœur des hommes, le désir de la mer grande et belle ».
Publié le vendredi 04 janvier 2019 . 3 min. 15
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