Et si nous parlions de cette nouvelle économie ? Non plus celle de la création, de la conquête ou de l’innovation, mais bien celle de la réparation.
Ce que je vous propose ici n’a rien d’une métaphore. Il s’agit d’une politique publique. L’État rembourse désormais la reprise d’un col, d’un bouton, d’une fermeture éclair. Quelques euros pour repriser des chaussettes. Le do-it-yourself prend de l’ampleur. On recycle. On raccommode. On recolle.
Cette scène, encore jugée dérisoire il y a quelques années, raconte aujourd’hui quelque chose d’essentiel : l’économie bascule doucement du rêve vers la rustine. Non plus la vision exaltée du progrès, mais l’art modeste de l’ajustement.
Dans une économie contrainte — budgétairement, écologiquement, symboliquement — on ne rêve plus, on tient. On panse — au sens propre comme au sens figuré. On rafistole. On cherche à durer.
Longtemps, l’imaginaire collectif s’est appuyé sur l’idée de progrès : chercher, inventer, produire, disrupter. Aujourd’hui, la dynamique s’est inversée. La réparation s’impose partout :
– dans l’écologie (low-tech, upcycling),
– dans la mode (seconde main),
– dans le soin (mieux manger, mieux respirer, mieux dormir),
– dans la politique (réconcilier, recoller, restaurer),
– dans le quotidien (faire soi-même, entretenir, réutiliser).
C’est une époque qui parle de réparation parce qu’elle sait qu’elle a cassé quelque chose : le lien social, le sens du travail, les ressources naturelles, les corps, l’élan collectif.
Certes, cette économie de la réparation n’est pas une faiblesse — elle est une lucidité. Elle reconnaît l’usure, le trop-plein, la saturation. Elle engendre une esthétique (sobriété, lenteur, recyclage) et un imaginaire : non plus changer le monde, mais faire durer ce qu’il en reste.
Mais cette bascule doit nous interroger.
Que devient une société qui ne produit plus d’élan, mais seulement du rattrapage ?
Où va une économie qui entretient, sans plus projeter ?
Peut-on encore faire rêver avec la réparation ?
Réparer est une nécessité. Mais si tout devient réparation — du climat à la confiance en soi, des vêtements à la démocratie — alors ce n’est plus seulement une politique économique. C’est un signal civilisationnel.
Et c’est ce signal que nos leaders doivent entendre. Car pendant que certains continuent de promettre la conquête, le dépassement et la brutalité d’un progrès sans garde-fou, les citoyens, eux, vivent dans l’économie de la rustine.
Il devient urgent de tracer une voie entre ces deux postures. Une politique du réel qui n’abandonne ni la lucidité ni l’élan.
Réparer, oui. Mais réparer en projetant. Réparer pour rêver encore.
Ce que je vous propose ici n’a rien d’une métaphore. Il s’agit d’une politique publique. L’État rembourse désormais la reprise d’un col, d’un bouton, d’une fermeture éclair. Quelques euros pour repriser des chaussettes. Le do-it-yourself prend de l’ampleur. On recycle. On raccommode. On recolle.
Cette scène, encore jugée dérisoire il y a quelques années, raconte aujourd’hui quelque chose d’essentiel : l’économie bascule doucement du rêve vers la rustine. Non plus la vision exaltée du progrès, mais l’art modeste de l’ajustement.
Dans une économie contrainte — budgétairement, écologiquement, symboliquement — on ne rêve plus, on tient. On panse — au sens propre comme au sens figuré. On rafistole. On cherche à durer.
Longtemps, l’imaginaire collectif s’est appuyé sur l’idée de progrès : chercher, inventer, produire, disrupter. Aujourd’hui, la dynamique s’est inversée. La réparation s’impose partout :
– dans l’écologie (low-tech, upcycling),
– dans la mode (seconde main),
– dans le soin (mieux manger, mieux respirer, mieux dormir),
– dans la politique (réconcilier, recoller, restaurer),
– dans le quotidien (faire soi-même, entretenir, réutiliser).
C’est une époque qui parle de réparation parce qu’elle sait qu’elle a cassé quelque chose : le lien social, le sens du travail, les ressources naturelles, les corps, l’élan collectif.
Certes, cette économie de la réparation n’est pas une faiblesse — elle est une lucidité. Elle reconnaît l’usure, le trop-plein, la saturation. Elle engendre une esthétique (sobriété, lenteur, recyclage) et un imaginaire : non plus changer le monde, mais faire durer ce qu’il en reste.
Mais cette bascule doit nous interroger.
Que devient une société qui ne produit plus d’élan, mais seulement du rattrapage ?
Où va une économie qui entretient, sans plus projeter ?
Peut-on encore faire rêver avec la réparation ?
Réparer est une nécessité. Mais si tout devient réparation — du climat à la confiance en soi, des vêtements à la démocratie — alors ce n’est plus seulement une politique économique. C’est un signal civilisationnel.
Et c’est ce signal que nos leaders doivent entendre. Car pendant que certains continuent de promettre la conquête, le dépassement et la brutalité d’un progrès sans garde-fou, les citoyens, eux, vivent dans l’économie de la rustine.
Il devient urgent de tracer une voie entre ces deux postures. Une politique du réel qui n’abandonne ni la lucidité ni l’élan.
Réparer, oui. Mais réparer en projetant. Réparer pour rêver encore.
Publié le mercredi 18 juin 2025 . 3 min. 06
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