L’entreprise serait elle un archipel ou serait-elle en voie d’archipélisation ?
Dans la sphère du politique on parle beaucoup de balkanisation, de société morcelée, de séparatisme, de communautarisme, et j’en passe.
Dans le même esprit donc, l’entreprise est elle-aujourd’hui constituée de bout de confettis éparpillés ?
S’il me semble que ces diagnostics sont un peu simplistes – j’y reviendrai -, certains signaux peuvent tout de même nous alerter quant à ce morcellement des organisations.
D’ailleurs cette éventuelle fragmentation effraye les syndicats qui se posent alors la question de savoir : comment mobiliser des cellules indépendantes emportées par des mouvements centrifuges ?
Car il s’agit bien de cela :
Au premier chef de ces mouvements, le Covid et la généralisation du télétravail.
Même si celui ci est très inégalement partagé entre les cadres et les ouvriers, il se banalise : en 2023, 33% des salariés en France ont régulièrement pratiqué ce télétravail.
De façon connexe, les 4 % de salariés en 100% remote participent fortement de ces tendances ; je prends d’ailleurs le pari, que cette pratique va devenir de plus en plus commune dans les années à venir, portées en cela par les millénials. Travailler pour une entreprise installée à La Défense tout en vivant en Asie sera de moins en moins étrange.
Dejà, avant cela et ces nouvelles formes de relations au travail, l’externalisation de nombreux services - communication, recrutement, consulting en toute genre – a aussi largement contribuer à morceler l’entreprise.
Et enfin, denier élément et pas des moindres, la gestion et /ou la propriété des entreprises sont le fait de fonds de pension sans visage, d’actionnaires inconnus, de patron du bout du monde ; autant d’entités que vous ne croiserez peut-être jamais et avec qui vous ne serez peut-être jamais en lien. Finalement, qui a commencé à jouer au jeu de l’archipel… pourrait-on se demander alors ?! Est-ce que la mondialisation peut créer autre chose que ces mouvements centrifuges ?
C’est ici qu’il faut certainement comprendre que nous sommes peut-être moins en archipélisation qu’en hybridations.
L’individu est tout à la fois indépendant de l’entreprise et très lié à celle-ci. Des liens qui peuvent prendre des formes diverses d’un team building en présentiel à une une boucle what’s app très fournie en passant par des réunions ou évènements dans des tiers lieux …
L’entreprise, de son côté, est un peu comme Saturne : un noyau dur avec des anneaux qui s’éloignent et se rapprochent au gré des besoins des parties prenantes.
Nous sommes devenus des êtres complexes, multiples, hybrides, tout à la fois au bout de la terre et attaché à nos territoires, tout à nos vies professionnelles sans nier nos vies privées, traditionnels et contemporains en même temps…
L’entreprise est en partie organique, et elle aussi est devenue complexe et hybride. Pas forcément morcelée, mais, je dirais, hybridée.
Publié le vendredi 28 juin 2024 . 3 min. 26
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de Virginie Martin
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