Je voudrais commencer par le commencement, non pas par le verbe, mais par le temps.
Ces ministres gravissant les marches 100 à 100 et finissant leur carrière à 40 ans affolent nos horloges… Comme si, alors que notre espérance de vie s’est considérablement allongée, nous n’avions paradoxalement plus de temps.
Ce temps compressé est une vraie donnée de notre époque et n’est pas sans conséquence sur le politique ou le monde économique.
Nous vivons en effet au temps de la logique de la vitesse. Nous sommes soumis à la dromologie, nous dirait Paul Virillo. Dans ce mouvement rapide, l’arrivée est devenue une fin en soi, l’itinéraire, le cheminement ne comptant plus vraiment. Le politique ne doit plus être en devenir, il doit être, et vite.
Le politique est pourtant ancré dans le réel, mais la vitesse le détache de cette concrétude. Impossible de s’impliquer, de s’engager puisque nous sommes en accélération perpétuelle.
Le politique est soumis à la dictature de l’agenda, sommé de répondre dans les délais, engoncer dans la conquête du résultat ultra rapide.
L’instant et l’utra présent règnent en maitre. Le politique se doit de muter, de s’adapter, de communiquer à outrance, de se renier pour maitriser ou contourner le tempo.
Les cycles de vie de l’accomplissement de l’action politique raccourcissent. Le chômage ne doit pas baisser en 3 ans, mais en 3 heures. Le produit dans les rayons doit être repensé, remplacé ; sa durée de vie est du domaine de l’éphémère.
Pourtant politique comme économie sont filles du temps, et fille du temps long.
Mais sommes-nous encore capables de ralentir ? L’homme moderne développe-t-il une détestation à l’égard de la lenteur, comme le suggère Kundera ? Avons-nous encore, la concentration nécessaire pour ralentir ? Car oui, la lenteur demande de la concentration. Les réseaux sociaux et autres média nous ont éloignés durablement d’une possible concentration, d’un possible ralentissement.
Le « progrès » technologique accélère notre rapport au temps. La technologie pourrait nous libérer, nous offrir du temps. Au contraire elle induit une infinité de possibilités qui conduit à faire toujours plus de choses, et donc, d’avoir moins de temps.
Cette technologie est politique. Elle est vitesse, favorise une économie débridée et cette technique a trop souvent été mise au profit d’une ultra performance. L’exigence high tech est vitesse, productivité, innovation, upgrade et update.
J’ai envie de nous mettre en garde contre cette temporalité dominante. Et si ralentir, devenait en quelque sorte un acte politique majeur.
Mais aujourd’hui, le politique n’est-il pas dépassé par les monstres qu’il a lui-même créée ?
Le temps semble complètement dominer le politique. Celui-ci n’est-il pas dépassé et distordu par ces temporalités devenues des courses en formes de sprint ?
Le politique ne doit-il pas assumer son besoin de lenteur, de construction, de mise en place méthodique de projet.
C’est un peu mon pari, parler du temps politique, du temps économique qui sont des temps longs et qui ont besoin de long terme.
Publié le mardi 07 janvier 2025 . 3 min. 44
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