Le défi de la laïcité en entreprise

La laïcité, ce concept à la fois simple et complexe.
Simple car il stipule que l’Etat n’est pas la place du religieux, que le religieux relève de la sphère du privé.
Mais pourtant si complexe… pourquoi ?
Car c’est une idée chamboulée, challengée, sans cesse interrogée et questionnée. Et si ce mot est si souvent convoqué c’est qu’il est une exception française… et ce détail n’est pas rien. 

En effet, parlez de laïcité à un américain, à un marocain, à un indien, impossible de faire facilement comprendre tout aussi bien la liberté de conscience que la séparation entre les organisations religieuses et l’Etat.

Dans l’espace du politique la laïcité est sans cesse débattue, mais elle est aussi partout dans notre pays, à l’école comme en entreprises.

La France est spécifique je le disais.
Les très grandes entreprises américaines par exemple sont classées - entre autre - selon leur degré d’inclusion religieuse au travail. On appelle ca le Faith-Friendly.
La ville de New-York a dans le même esprit autorisé les mosquées à diffuser l’appel à la prière, une décision déjà prise par Minneapolis en 2022.

D’un côté Ce multiculturalisme à la mode USA, de l’autre la France. Le grand écart est important.
les entreprises américaines sur le sol française ont d’ailleurs du mal à se soumettre aux règles de la laïcité, ou à son esprit.
Les entreprises françaises elles sont confrontées à des demandes nombreuses : port du voile, lieu de prière, nourriture casher ou Hallal, vacances pour raisons religieuses et aussi, dans certains cas, refus de serrer la main à des femmes et même de travailler en leur présence …
Où commencer et où arrêter l’ouverture au religieux et / ou au culturel dans l’entreprise ?

C’es une question délicate, si on peut tolérer un voile, il est bien sûr inadmissible d’opérer une séparation entre les femmes et les hommes.

Quel curseur suivre ? Doit on tout refuser ou tolérer ? jusqu’à quel niveau ?

L’espace du travail doit rester un espace neutre. En France, on gomme aujourd’hui volontiers les « joyeux noël » au bénéfice de « bonnes fêtes », on accepte sans réticence les congés pour raisons religieuses comme Kipour et autre aïd, les cantines adaptent leur nourriture, les crèches de noël en entreprise n’existent généralement plus

Mais l’entreprise reste un lieu de commun et d’efficacité, de travail en somme. Donc, a priori ce dernier doit primer dans un contexte neutre, donc laïque.
Comment travailler correctement si la mixité homme / femme est impossible par exemple ? On peut de même imaginer que prier peut rester un exercice privée et intime.
les entreprises font et ont fait des pas vers plus de neutralité. Aux employés aujourd’hui de jouer le jeu à leur tour de cette neutralité – laïcité.
On doit admettre que c’est plus aisé pour des gens de culture catholique, une religion qui n’exige pas de signes quotidiens de religiosité, un catholique même pratiquant peut manger de tout, il n’a pas besoin de faire plusieurs prières par jour…

C’est un pas vers la laïcité que chacun doit faire ; les entreprises d’une part, les individus de l’autre.

Ceci n’empêche pas ces derniers de prier dans leur intimité, de porter des signes religieux non ostentatoires, de manger hallal ou Casher… car la laïcité n’est pas l’athéisme …
 
Dans l’espace du travail il me semble que c’est cette dialectique qu’il faut retenir.