Le management de l'humilité

Ted Lasso est une série en 4 saisons mettant en scène un entraîneur de football à la mode européenne, venant tout droit des Etats-Unis et ne connaissant pas grand chose à notre « soccer » !

Ted est un manager sportif truculent et  attachant. Mais, s’il est drôle il est surtout incompétent et tout à fait inexpérimenté au poste qu’il occupe !
En bon américain, il a du mal à différencier un penalty d’un coup franc ; un nouveau coach largement perdu dans cet Angleterre fan de foot.
Erreur de casting, d’aiguillage, piège tendu… quels que soient les raisons de la venue de Ted dans le club, il est certain que notre personnage aurait raté le moindre entretien à la mode chasseur de tête !
Et puis Ted est un gentil, un oiseau tombé du nid dans le monde des requins de la compétition footballistique.

Et pourtant, notre coach un peu paumé va composer avec ses contraintes, et, de l’inexpérience-incompétence-gentillesse, va naître un management performant. Anthony Giddens aurait parlé de contraintes « habilitantes ».

Comment ? Lasso va déployer, parfois jusqu’à la naïveté, son image d’homme bon.
Ce, pour se faire accepter, relever les défis mais aussi par nature. Un détail dit tout de lui : cet homme entre deux âges, adore offrir des pâtisseries comme s’il répandait sucre et miel tout autour de lui. 
Notre anti-héros est généreux : il distribue confiance, bienveillance, care, et attention.
Peu de compétences techniques, beaucoup d’humanité.

Et il saura relever deux défis majeurs indispensables à toute organisation : libérer les talents individuels et en même temps créer du collectif… Il soutient les joueurs fragiles et les numéros 10 marquants des buts.
Dans les vestiaires, sur une grande feuille le mot CONFIANCE est écrit au feutre.
Les vestiaires justement, acteurs majeurs de cette série, là où se construit la cohésion du groupe, les stratégies de gagne, lieu d’où nous parviennent les odeurs de sang et de sueur, les blessures narcissiques et les doutes. Là où la sophistiquée et charismatique présidente du club finira par descendre. Tout un symbole.

Ted ne tire sa légitimité d’aucun panache particulier, d’aucun CV parfait, d’aucun héritage, mais il sait manager avec bienveillance sans pour autant perdre de vue son objectif : celui de mettre le ballon au fond des filets. Un objectif qu’il atteindra en dépit des chemins de traverses empruntés, et certainement grâce à eux. 

C’est ce management de l’humilité qui le guide dans ses - bonnes - décisions : il sait déléguer, écouter les conseils venus de la base, parvient à contenir les ego de ces jeunes joueurs très argentés...

Ted insuffle un management bienveillant au service du collectif.
Il ne crée ni stress, ni tableurs Excell, il crée de l’envie.
Le happy end ne se fera pas attendre ! Le coach Lasso deviendra, un entraîneur fiable, apprécié et surtout très inspirant, un leader en somme.
Ne soyons pas arrogants, ne boudons pas notre plaisir, et apprécions à sa juste valeur cette figure peu valorisée dans nos mondes entrepreneuriaux, mais au final très opérante.
Ted Lasso, ce manager au service des autres et du bien-être.