Les politiques, le Président Macron, et avant lui les autres locataires de l’Elysée, le savent bien : la République française, toute sécularisée et démonarchisée qu’elle est, doit avoir ses moments de sacralité.
Ceux-ci sont d’ailleurs incarnés par de nombreux symboles et rituels : le drapeau bleu blanc rouge, la Marseillaise, le vote et ses étapes solennelles, les vœux du Président de la République le jour du nouvel an, les passations de pouvoir, les commémorations… le politique s’empare, récupère, crée, invente sans cesse des instants chargés en sacré.
Cette mise en sacralité de la République revêt bien entendu quelques fonctions essentielles : perpétuer l’image du pays, faire le lien entre passé et avenir, sceller l’unité sociale, s’inscrire dans l’Histoire, faire nation et bien sûr donner de la légitimité et de l’autorité à ceux et celles qui nous gouvernent.
Le sacré c’est une sorte de soft power moderne de la république.
Souvenons-nous de la visite de Charles III, roi d’Angleterre et de la réception en son honneur à Versailles, souvenons-nous de la messe du Pape François au stade-cathédrale Vélodrome à Marseille, souvenons-nous de cette vasque olympique flottant dans les cieux, souvenons nous de ces bulletins de vote dans cette urne de l’assemblée nationale pour désigner la présidence, le sacré est tout entier contenu dans ces rituels, ces images.
La sacralisation du politique sera ainsi une des conditions essentielles à la légitimation de son autorité, c’est a dire aussi au maintien du lien social. Le sacré est donc essentiel en politique
Mais, on peut poser la question : dans quelle mesure ces actions à forte charge symbolique s’incarnent-elles dans un réel plus quotidien, en d’autres termes, comme ces moments redescendent-ils sur terre et apportent-ils du concret ?
Car l’instant magique ne doit pas venir mettre en abime une autre réalité bien plus triviale entre inflation et retraite réformée, entre budget et fiscalité ; non, il doit savoir récupérer et entrainer avec lui le peuple, tout le peuple.
S’il est bon de (re)mettre du divin dans un système par trop désacralisé, il est toujours risqué de créer une distorsion trop grande entre dorures et fin de mois difficiles, entre château et prix du mètre carré qui explose, entre grand-messe catholico-humanitaire et complexités identitaires actuelles.
C’est là le défi absolu: réunir les deux corps du roi théorisé par l’historien Kantorowicz. L’un est sacré, l’autre profane. L’un joue du divin, l’autre du réel.
Et le défi est là : tout personnage politique doit retrouver l’homme ou la femme en lui, et ces deux personnages, ensemble, doivent retrouver, en toute empathie et responsabilité, le peuple français. On peut dire que c’est un essai difficile à transformer.
D’autant plus que des vents contraires jouent ici à désacraliser à foison la fonction… certains partis politique s’y emploient tous les jours dans un but de destruction massive. Car en effet, pour ôter tout caractère monarchique même symboliques à la république française, certains jouent l’anti fonction quotidiennnement.
Selon moi, Le sacré doit subsister ne serait ce que pour contrer une forme non pas de chaos mais de nihilisme.
Publié le mercredi 18 décembre 2024 . 3 min. 51
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