Dans ce monde qui nous échappe, essai qui a déjà 10 ans, je défends l’idée que nos identités ne sont plus figées, mais en perpétuel mouvement. Nous ne sommes plus définis par une seule appartenance, un territoire ou une culture unique.
Nos identités sont hybrides, elles se construisent au croisement des influences, des expériences et des trajectoires personnelles. Longtemps, on a pensé l’identité comme un bloc, une appartenance exclusive : être Français, être ouvrier, être catholique, être homme ou femme, geek ou pas !
Aujourd’hui, ces catégories éclatent. Les individus revendiquent des identités plurielles, à la fois enracinées et mobiles. Être à la fois français et africain, être athée et attaché aux traditions, n’a rien d’antinomique. Ce sont ces combinaisons qui permettent de mieux naviguer dans un monde en perpétuelle transformation.
J’ouvrais ce livre sur la figure de Sarah Attar, athlète saoudienne, voilée, qui courait à Londres sous le regard de millions de téléspectateurs ! Je citais aussi beaucoup les travaux de Orlan, cette artiste de l’hybridation.
Si nos identités deviennent plus hybrides, c’est parce que notre monde change. La globalisation nous expose à des influences culturelles multiples, les migrations bousculent les cadres traditionnels, et le numérique, n’oublions pas le numérique dans cette affaire, nous permet d’appartenir simultanément à plusieurs sphères.
On peut être engagé dans des causes militantes, passionné par une culture étrangère et évoluer professionnellement dans un univers totalement différent. Loin d’être une menace, cette hybridité est une force.
Elle ouvre au dialogue, nourrit la créativité et offre une capacité d’adaptation précieuse dans un monde instable. Une identité multiple, fluide, permet d’embrasser la complexité du réel plutôt que de s’y opposer.
Mais cette transformation suscite aussi des crispations. Certains discours populistes ou réactionnaires cherchent à figer les identités, à réaffirmer une pureté illusoire face à un monde perçu comme incertain. Pourtant, il n’y a pas de retour en arrière possible. L’hybridité identitaire est déjà une réalité. Nos sociétés doivent choisir : embrasser cette complexité ou s’accrocher à des modèles dépassés. Ce que je défends, c’est l’idée que nous devons apprendre à penser l’identité autrement. Elle n’est pas un cadre rigide, mais une trajectoire vivante, un assemblage mouvant d’influences et d’expériences. Ce qui semblait autrefois contradictoire devient aujourd’hui une richesse. L’hybridité identitaire n’est pas un problème, c’est une réponse. Une manière d’être au monde qui épouse la complexité au lieu de la nier.
Publié le vendredi 13 juin 2025 . 3 min. 12
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