Assurance santé : les nouvelles priorités stratégiques
Publié le mardi 2 mars 2021 .
3 min. 21
Le marché de l’assurance santé se reconfigure à vitesse grand V. La crise sanitaire a en effet accentué les fractures entre les organismes complémentaires d’assurance maladie (ou OCAM). Des fractures qui varient selon le degré d’exposition de leurs clientèles à la crise et à une répartition inégale des baisses de remboursement depuis le début de la pandémie. Les impacts d’image des stratégies d’adaptation expliquent également les divergences entre OCAM. Les bouleversements réglementaires (comme le 100% Santé, l'autorisation de la résiliation infra-annuelle et les obligations renforcées de transparence sur les frais de gestion des contrats) vont eux aussi accélérer la reconfiguration du jeu concurrentiel. Avec la diffusion des usages numériques dans la santé, la crise offre également aux acteurs de véritables opportunités d’optimisation des coûts et de différenciation, soit des leviers pour refaçonner la concurrence.
Dans ce contexte, quelles sont les marges de manœuvre des OCAM, en particulier sur le plan tarifaire ? On peut d’ores et déjà dire que l’explosion à venir du chômage aura un coût important pour les acteurs très concentrés sur les contrats collectifs. Des acteurs tenus de couvrir gratuitement pendant un an les personnes licenciées. Sans oublier la multiplication des impayés et des défaillances d’entreprises. Et si les prestations versées en 2020 ont reculé, les OCAM devraient s’acquitter d’une taxe exceptionnelle dont le montant définitif peut encore évoluer. Pour autant, les cotisations d’assurance santé en valeur devraient continuer à progresser d’ici 2023 à un rythme plus ou moins comparable à celui des dernières années, selon l’étude Xerfi Precepta. Autrement dit, les revalorisations tarifaires seront d’actualité dans le collectif ainsi qu’en santé individuelle, avec la mise en place du 100% Santé.
Dans un environnement encore incertain et des résultats financiers toujours affectés par la faiblesse des taux d’intérêt, la prudence et l’équilibre des résultats techniques seront donc au menu des acteurs. De ce fait, la concurrence par les prix et par la baisse des coûts n’apparaît comme une solution satisfaisante pour aucune catégorie. Pour s’extraire des pressions déflationnistes et se différencier, des acteurs misent sur le service, la relation et l’accès aux soins dans toutes ses dimensions. Certains travaillent aussi à renforcer les articulations entre assurance santé et activités connexes. C’est ainsi que sont proposées depuis peu de nouvelles offres en santé ou prévoyance collective qui intègrent des garanties associées à des risques de maladies spécifiques. Comme la crise a également eu pour mérite d’accélérer la diffusion des usages numériques, les OCAM qui avaient déjà pris les devants ont une longueur d’avance.
En réalité, c’est bien la mise en place du 100% Santé qui a accéléré la digitalisation : les opérateurs et leurs plateformes ont en effet été contraints de revoir leurs stratégies avec les professionnels de santé…. Et les rapports de forces se sont de fait rééquilibrés.
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