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Attendre, attendre encore plutôt que de prendre le risque de se tromper sur la motorisation. Voici l’état d’esprit de beaucoup d’acheteurs d’un véhicule neuf, mais cela concerne de plus en plus ceux qui s’orientent aussi vers l’occasion. Ces hésitations se retrouvent dans l’évolution des immatriculations. Médiocre, le bilan sur les neuf premiers mois dans le neuf se situe dans la lignée des cinq millésimes précédents. Adieu, une fois de plus, les deux millions de nouvelles voitures mises en circulation. Le volume des ventes restera en 2024 inférieur de 15 à 20% environ à celui d’avant la crise sanitaire. C’est un peu mieux pour l’occasion. Les ventes sur les trois premiers trimestres de l’année sont en avance par rapport à celles de 2023, mais c’est après deux exercices calamiteux dus en partie aux manques de disponibilités des véhicules d’occasion de moins de deux ans.
Le coût des véhicules, un obstacle majeur
Le marché dans son ensemble affronte trois grands ensembles d’obstacles. Le premier : le contexte économique et financier des ménages. Côté ressources, il y a les attaques sur le pouvoir d’achat. Il plafonne depuis 2021, conséquence notamment du retour de l’inflation. La hausse des prix s’est récemment calmée, mais c’est maintenant du côté de l’alourdissement de la barque fiscale que le coup va venir, c’est certain. Ce n’est pas bon pour les finances des futurs acheteurs, notamment de véhicules neufs ou d’occasions récentes, qui se distinguent par un niveau de revenu relativement élevé. Surtout, l’incertitude concernant l’évolution de la fiscalité les pousse à favoriser l’épargne plutôt que les achats, notamment les plus engageants comme celui d’une automobile.
Il faudrait de surcroît parler du pouvoir d’achat « automobile » stricto sensu, tant les prix des véhicules se sont envolés ces dernières années par rapport aux autres biens et services, plus particulièrement dans le neuf depuis 2021. Il a fallu dépenser en moyenne plus de 35 000 euros pour acheter une voiture neuve en 2023, les montants variant de près de 60 000 pour les hybrides rechargeables, bien souvent de gros SUV, à un peu plus de 28 000 pour les modèles à essence, en passant par environ 42 000 pour le 100% électrique. Des tarifs inaccessibles pour la majorité des Français, qui se trouvent exclus du marché malgré l’abondance des offres de financements (crédits, LOA, leasing, etc.).
Confusion autour des motorisations et des réglementations
Le deuxième ensemble de motifs de blocage peut être regroupé sous la bannière de la confusion, voire du désarroi dans lequel se retrouve l’acheteur au moment de choisir le type de motorisation. Il y a d’abord une réglementation mouvante en matière de motorisations comme de circulation. Deux exemples : les ventes de véhicules thermiques sont en principe interdites en Europe à partir du 1er janvier 2035, mais des discussions sont en cours autour de l'utilisation des e-fuels (carburants synthétiques), permettant éventuellement à certains véhicules thermiques d'être autorisés. Les constructeurs eux-mêmes mettent la pression sur le législateur pour ralentir le développement des véhicules électriques. En France, certains dispositifs de circulation, comme les zones à faibles émissions, ont été assouplis. Initialement, cinq grandes agglomérations devaient interdire la circulation des véhicules Crit’Air 3 au 1er janvier 2025, mais désormais, seules Paris et Lyon seront concernées.
La perte d’intérêt pour l’automobile chez les jeunes
Enfin, dernier obstacle, il y a le désintérêt croissant des jeunes pour l’automobile, principalement des jeunes urbains. L’automobile devient beaucoup moins un objet statutaire et perd de son intérêt en centre-ville. Le taux d’équipement en voiture des 25-39 ans est ainsi passé de 88% en 2015 à environ 81% en 2022. Bref, entre le contexte économique et financier, l’attentisme et les facteurs structurels, le retour des beaux jours sur le marché automobile est durablement compromis.
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