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Sérotonine : Houellebecq économiste, la suite

Publié le mardi 29 janvier 2019 . 4 min. 02

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« Les conversations sur l’économie sont un peu semblables aux conversations sur les cyclones ou les tremblements de terre ; on finit assez vite par ne plus comprendre de quoi on parle, on a l’impression d’évoquer une divinité obscure ». Michel Houellebecq s’est toujours défendu d’être un fin économiste, on le comprend une nouvelle fois à la lecture de cette phrase qu’il prête au personnage principal de son dernier livre, Sérotonine. 

L’écrivain français vivant le plus connu dans le monde est pourtant reconnu comme l’un des plus fins observateurs des grandes évolutions (pour ne pas dire décrépitude) de nos sociétés occidentales, donc des dégâts du système libéral. L’économiste Bernard Maris ne s’y était d’ailleurs pas trompé, lui qui avait publié quelques mois avant sa disparition tragique, l’essai « Houellebecq, économiste » qui analysait l’œuvre du romancier sous cet angle inattendu.

Après la désindustrialisation dans « La Carte et le Territoire » ou la consommation à outrance dans « La Possibilité d'une île », c’est sans doute le sujet de l’agriculture française qui ressort de Sérotonine. Dans le roman, un ami (le seul) de l’antihéros est exploitant agricole en Normandie. Il s’efforce de maintenir un minimum de qualité dans son activité de production laitière mais il est contraint de vendre à des investisseurs étrangers chaque année des parcelles pour boucler son budget. Et la suppression des quotas laitiers en 2015, synonyme de baisse des prix, n’arrange rien. Quant à la mécanisation et à la numérisation de l’exploitation, elle facilite tout juste la comptabilité. Le personnage tente d’ailleurs une diversification dans le tourisme vouée à l’échec : comment en effet attirer des touristes d’octobre à avril dans ce territoire reculé et pluvieux ?

Le personnage principal a quant à lui effectué une partie de sa carrière d’ingénieur agronome, à l’expertise reconnu, au ministère de l’Agriculture. Son rôle :  réaliser des notes de synthèse à destination des représentants de la France dans les rounds de négociation internationaux. Des notes et des rapports restés lettres mortes « Je n’étais qu’un technicien, et au bout du compte on m’a toujours donné tort, les choses avaient toujours basculé vers le triomphe du libre-échangisme et vers la course à la productivité », dit-il.

Dans ses rapports, l’antihéros, dont l’incapacité à changer les choses cause d’ailleurs en partie le malaise personnel, déplorait de graves erreurs stratégiques, aux lourdes conséquences économiques, environnementale et social puisqu’elles aboutissent notamment à l’intensification de la vague de suicides chez les agriculteurs : « cette agriculture intensive, basée sur des exploitations gigantesques et sur la maximisation du rendement à l’hectare, cette agro-industrie entièrement basée sur l’export, (…), était à mes yeux l’exact contraire de ce qu’il fallait faire si l’on voulait aboutir à un développement acceptable, il fallait au contraire privilégier la qualité, consommer local et produire local, protéger les sols et les nappes phréatiques en revenant (…) à l’utilisation de fertilisant animaux », dit-il.

Même si « Sérotonine » reste un roman, il ressort donc d’une lecture « économique » (entre autres) notre incapacité à défendre nos positions en Europe, ainsi que des dégâts d’un système vertical dans lequel l’agronome, simple expert, écrit des rapports qui finissent dans un tiroir. Deux problèmes qui serviront de cadre au malaise des personnages et conduiront à une fin tragique dans le roman…Espérons que la réalité ne dépasse pas cette fois-ci la fiction, puisque cela est déjà arrivé malheureusement à plusieurs reprises avec Houellebecq. Mais à lire Sérotonine, on n’est pas très optimiste sur l’avenir de nos campagnes…


D'APRÈS LE LIVRE :

Sérotonine

Sérotonine

Auteur : Michel Houellebecq
Date de parution : 04/09/2019
Éditeur : FLAMMARION
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