
Quand les seigneurs de l’économie bâtissent leurs forteresses
Et si le XXIe siècle n’était qu’un retour déguisé à l’Ancien Régime ? Le capitalisme nous ramène en effet à un passé que l’on croyait révolu : le Moyen Âge. Parce que derrière les discours progressistes des grandes entreprises et autres start-ups, c’est bien une nouvelle féodalité qui s’installe.
Des multinationales en seigneurs modernes : une domination sans partage
Comme les seigneurs féodaux possédaient la terre, les grandes entreprises dominent aujourd’hui les données, en passe de devenir la ressource stratégique ultime. Selon Shoshana Zuboff (The Age of Surveillance Capitalism), les géants du numérique exploitent les données personnelles pour maximiser leur pouvoir et verrouiller leur monopole. En France, malgré des initiatives comme le Digital Markets Act, l’emprise des GAFAM s’intensifie. La capture de valeur par ces entreprises les transforme en nouveaux rentiers, érodant la souveraineté économique des États.
Les serfs numériques : le travailleur connecté enchaîné
Aurélien Acquier dans un article publié dans The Conversation France initulé « Retour vers le futur : quand le capitalisme de plate-forme nous renvoie au « domestic system » préindustriel » ou encore Cédric Durand, dans Techno-féodalisme : Critique de l'économie numérique, soulignent comment les plateformes numériques, telles qu’Uber et Deliveroo, enferment les travailleurs dans un système extractif. L’affaire Deliveroo en 2022 illustre bien cette dérive : condamnée pour travail dissimulé, l’entreprise incarne une exploitation modernisée, mais tout aussi implacable.
Innovation ou instrument de domination ?
Loin d’un vecteur d’émancipation, l’innovation technologique devient un outil de verrouillage. Pierre Veltz, dans La Société Hyper-industrielle, souligne comment elle accentue la concentration des richesses. Même des technologies supposément disruptives, comme la blockchain, se transforment en instruments de domination économique, servant les intérêts des élites.
Déjouer le piège du techno-féodalisme
Le techno-féodalisme n’est pas une fatalité. À l’opposé de cette logique, l’économie numérique pourrait devenir un levier d’émancipation, à condition de réinventer ses fondations. Une gouvernance démocratique des ressources numériques, où les données et les innovations technologiques sont considérées comme des biens communs, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle Renaissance.
Source :
Acquier, A. (2017). Retour vers le futur : quand le capitalisme de plate-forme nous renvoie au « domestic system » préindustriel. The Conversation France. 3 septembre
Durand, C. (2020). Techno-féodalisme : Critique de l'économie numérique. Paris : La Découverte.
Zuboff, S. (2019). The Age of Surveillance Capitalism: The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power. New York, NY: PublicAffairs.
Veltz, P. (2017). La société hyper-industrielle : Le nouveau capitalisme productif. Paris : Seuil
Publié le lundi 20 janvier 2025 . 3 min. 11
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