538 millions, c’est approximativement le nombre de boîtes de paracétamol livrées dans les pharmacies françaises en 2023. C’est le médicament le plus vendu en volume dans le pays. Depuis la crise Covid-19 et la répétition des tensions d’approvisionnement, le paracétamol est devenu le symbole du déclin de la souveraineté sanitaire française. Depuis, l’état œuvre pour la renaissance du paracétamol tricolore et souhaite en faire un exemple de la réindustrialisation française dans le domaine de la santé.
Un circuit court 100% made in France, est-il cependant possible ? Ma réponse est oui mais sa viabilité dépendra de la capacité des acteurs à trouver un équilibre dans le temps entre autonomie stratégique, durabilité et rentabilité, Je m’explique.
Depuis plusieurs mois maintenant, un modèle coopératif public privé que je qualifie de souveraineté responsable permet de construire une chaine de valeur du paracétamol 100% française qui répondra à près de la moitié de la consommation européenne. En pratique, les risques et les ambitions sont partagés entre les industriels et le gouvernement. Concrètement, les industriels Seqens et Ipsophene, qui sont les producteurs du principe actif du paracétamol, bénéficient d’un soutien financier public pour la construction des nouvelles unités de production. C’est environ 40 millions d’euros d’aides pour Sequens sur les 120 millions nécessaires pour adapter son site à Roussillon dans l’Isère. La construction de l’usine d’Ipsophene, à Toulouse bénéficie d’une subvention de 4,2 millions de la région Occitanie soit 15% du coût total.
S’agissant d’UPSA et de Sanofi, qui commercialisent et fabriquent dans leurs usines respectives d’Agen et de Lisieux le paracétamol fini, c’est en contrepartie d’un moratoire sur la baisse de prix du paracétamol, que les deux laboratoires ont pu prendre des engagements de volume d’achat du principe actif sur le long terme, UPSA ayant même contribué au financement de la chaîne de production de Seqens.
Précisons enfin que toutes les usines utiliseront des procédés de fabrication, innovants moins polluants et moins énergivores. Une empreinte environnementale très largement réduite au service de la protection de l’environnement, et de la santé des riverains bien sûr mais aussi qui réduira les coûts de production.
Cependant, la rentabilité du modèle sur le long terme n’est pas garantie, puisqu’en moyenne, produire en France revient deux fois plus cher que de produire dans les pays émergents. Geler la baisse du prix du paracétamol ne suffira sans doute pas et une augmentation de ce dernier apparaît plus que nécessaire. Si nous souhaitons du paracétamol 100% made in France sur du long terme ; un circuit court qui crée des emplois et qui permette une production écologique du paracétamol, alors la France et l’Europe doivent être prêts à payer un peu plus cher ce produit essentiel à la vie des citoyens.
Publié le mercredi 2 octobre 2024 . 3 min. 48
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