Numéro après numéro depuis 20 ans, date de la création de Management & Avenir, les auteurs des articles de la revue participent à la « construction » de ce nouveau monde postmoderne du travail qui émerge. Aujourd’hui, autant les nouvelles technologies que les avancées scientifiques, autant les pratiques sociétales innovantes que des organisations du travail différentes génèrent des mots nouveaux pour désigner ces méthodes et pratiques nouvelles.
Ainsi, en 60 ans, la langue française a presque doublé avec 28 000 mots nouveaux. La nouvelle édition de l’Académie Française (sotie en 1994) en compte plus de 60 000 par rapport à la précédente édition du dictionnaire de 1932. Ce sont ainsi plus de 450 mots nouveaux qui apparaissent chaque année : soit 1 à 2 mots par jour. Cet accroissement correspond aux profondes mutations que connait notre société et plus largement notre planète.
Nous sommes au cœur de l’existence de notre revue Management & Avenir qui a pour objectif de décrire et d’expliquer les transformations du monde du travail. En premier lieu, nous constatons les processus d’accélération qu’Harmut Rosa a bien mis en exergue comme essence de cette modernité finissante. Il nous met en garde face aux tourbillons de changement dans laquelle nos sociétés, comme des hamsters, courent sans fin et sans autre but que de courir. Pour Harmut Rosa, si l’accélération constitue le problème central de notre temps, la « résonance » peut constituer une approche pour sortir de ces tourbillons.
Prendre le temps pour écouter et entrer ainsi mutuellement en résonance. Nous devons appliquer cette notion dans les relations entre les personnes qu’elles soient personnelles ou professionnelles. Nous pouvons ainsi entrer dans de nouvelles pratiques managériales. Ce sont des champs nouveaux, porteurs d’avenir, qui font basculer les modes organisations d’une verticalité relationnelle à plus d’horizontalité. Pour ce faire, nous devons tester des pratiques expérientielles et collaboratives innovantes qui s’appuient sur la notion de bricolage pour évoquer l’intelligence sensible et intuitive que l’on retrouve chez l’homme primitif étudié par l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, dans la Pensée sauvage. Il distingue, que dis-je oppose l’homme primitif comme le bricoleur à l'ingénieur, ce dernier fonctionne en s’appuyant sur des méthodes rationnelles, élaborées et construites.
Les articles de Management & Avenir s’appuient sur ces milliers d’expériences qui émergent dans toutes les organisations. Cela rejoint la notion d’expérientiel qui implique l’autonomie laissée à chacun ou plutôt au groupe qui rejoint la notion d’empowerment, c’est-à-dire l’agir qui passe par la délibération pour décider en commun. Ce sont ces pratiques de collégialité qui se déploient aujourd’hui dans les organisations.
Voilà une belle feuille de route pour le Management & Avenir des 20 prochaines années qui va permettre à chacun, pour paraphraser Kant, de s’appuyer sur un cadre de pensée renouvelée pour participer à la construction de ce nouveau monde émergeant.
Publié le samedi 10 mai 2025 . 3 min. 12
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