Nous venons de créer cette nouvelle revue Pédagogia pour répondre a 3 enjeux auxquels l’enseignement supérieur, université comme les autres lieux d’enseignement tels les grandes écoles doivent aujourd’hui répondre : l’enseignement supérieur est au cœur des mutations de notre société.
- Le premier enjeu : L’explosion du nombre d’étudiants : devoir gérer un enseignement de masse. Ainsi en 1950, il y avait 137 000 étudiants, 1 million en 1986 et aujourd’hui prés de 4 millions.
Cela correspond aux besoins du monde du travail, besoins en cadres, techniciens, bref faire limer les cervelles entre elles afin de créer les conditions de compétences collectives.
- Deuxième enjeu : La transformation du travail depuis une cinquantaine d’année. Les entreprises ont besoin aujourd’hui que les équipes développent des initiatives, de la responsabilité, de la créativité.
C’est en quoi ces transformations doivent s’appuyer sur des personnes sachant coopérer, s’écouter, discuter. Or en France nous avons une culture du chef. Le chef a toujours raison. Tais-toi et travail, c’est sur ce principe que fonctionne encore beaucoup de gens. Et c’est cette mutation culturelle majeure que nous devons mettre en place pas seulement dans l’entreprise mais aussi dans l’amphi. Mais c’est aussi ce type de rapport que l’étudiant a avec ses enseignants.
C’est une transformation anthropologique : la fin de la loi du père. Cette loi du père sur lequel a fonctionné la société française depuis des siècles. Le père tout puissant, le pater familia que l’on retrouvait tant dans la vie de famille, que dans toutes les structures sociales. C’est la relation à l’autorité qui est mise à mal. Dans le couple comme dans l’entreprise mais aussi à l’université.
Nous sommes en train de voir émerger un autre type de relation : des relations entre pairs. P A I R entre égaux avec lesquels il faut dialoguer, discuter ; mais en fait c’est surtout apprendre à dialoguer, apprendre à discuter car cela nécessite d’écouter Autrui, comme d’être écouté par lui. C’est aussi cela qu’il faut apprendre
- Et c’est le troisième enjeu auquel il faut répondre : développer des méthodes pédagogiques innovantes qui n’ont pas pour objectifs de faire acquérir du savoir mais des comportements et des postures permettant l’écoute et le respect réciproque….. Ce n’est plus le maitre tout puissant du savoir depuis sa chaire qui donne le savoir mais c’est celle de Socrate qui ne sait qu'une chose, c'est qu’il ne sait rien » : cette célèbre déclaration de Socrate pour lequel l'ignorant croit savoir, alors que le vrai sage connaît l'étendue de son ignorance : développer le doute et l’humilité. L’enseignement n’est plus tout a fait de même nature que l’acquisition du savoir.
C’est entrer dans des relations horizontales (c’est-à-dire être entre pairs) plutôt que de rester dans des relations verticales. Accompagner des étudiants qui eux-mêmes accompagnent des plus jeunes. Bref des pratiques pédagogiques différentes de celles existant entre le maitre et l’éléve. Cela nécessite d’inventer des règles de régulation, des régulateurs pour permettre la mise en place de ces nouvelles formes pédagogiques qui passe par autant de détails que de grands projets comme repenser les espaces non plus seulement pour enseigner mais pour échanger, réfléchir en petits groupes. Bref ces pratiques nécessitent de repenser les espaces actuels. Voilà quelques-unes des ambitions de cette revue.
Publié le vendredi 7 juin 2024 . 4 min. 04
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