Quiconque a un jour accompagné un entrepreneur dans sa démarche sait l’extraordinaire dose d’audace, de persévérance et d’énergie que le développement d’une entreprise exige. L’entrepreneur incarne la figure moderne de l’aventurier, adaptée à un siècle où non seulement l’économie est mondialisée.
Alors que le tissu économique connaît un puissant mouvement de renouvellement sous l’effet des nouvelles technologies liées au numérique, le rayonnement des startups et de ceux qui les portent n’a jamais été aussi grand. La figure de l’entrepreneur est désormais celle d’un héros contemporain, pourfendeur des rentes et des rigidités du passé, concurrençant par sa fortune accumulée, à la fleur de sa jeunesse les plus grands capitaines d’industrie d’hier, sujet de biopics et de légendes.
Bien des observateurs ont cherché à faire la lumière sur la nature et les points communs de la psychologie particulière de l’entrepreneur. Parmi les différents points communs identifiables, il en est un qui a été trop peu souligné : la propension à la transgression.
Dans son combat quotidien pour développer son activité (faire accepter ses idées, surmonter les difficultés financières, générer de l’adhésion, explorer sans cesse de nouvelles pistes stratégiques…), l’entrepreneur est confronté à de nombreux contraintes dont beaucoup prennent la forme de normes (officielles ou officieuses). L’un des moyens utilisés par l’entrepreneur pour faire face à ces contraintes est, dans certains cas, de les contourner, c’est-à-dire de transgresser sciemment certaines normes (des normes fiscales ou sociales par exemple).
Nous avons identifié trois types de transgressions correspondant chacune à une logique particulière aux yeux de l’entrepreneur :
• La transgression des normes collectives, qui permettent à l’entrepreneur de se redéfinir un cadre personnel et d’affirmer son identité.
• La transgression utilisée comme un moyen d’accès à une pensée créatrice.
• La transgression enfin comme reflet de la priorité donnée aux valeurs et objectifs de l’entrepreneur.
Ces transgressions semblent étroitement liées à un état d’esprit particulier des entrepreneurs : les pratiques de contournement des règles, sciemment réalisées, sont légitimées par qu’ils se sentent investis d’un rôle particulier en tant qu’entrepreneur.
Nous proposons ainsi de qualifier cette disposition de « syndrome du Prince », par référence au livre éponyme de Machiavel dans lequel ce dernier donne au Prince le privilège de légitimement déroger aux règles communes, du fait de son destin particulier. De cette façon, celui qui déroge aux règles peut, dans le même temps, de façon paradoxale, en reconnaître la légitimité.
Publié le lundi 4 septembre 2017 . 2 min. 49
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d'Olivier Babeau
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