Xerfi Canal présente l'intervention d'Alexandre Mirlicourtois au Forum Expert 3 : Le tissu français d'entreprises face aux enjeux de l'euro.
Pour bien cadrer le débat, il convenait de choisir les données clés qui pèsent sur les entreprises. Celle de la parité du franc face au deutschemark montre que la devise française a perdu environ 30% tous les dix ans entre 1960 et 1990. Avec l’arrivée de l’euro le 1er janvier 1999, la France cesse toute dévaluation compétitive de sa monnaie. Si l’on regarde ensuite l’inflation cible de 2% depuis l’entrée en vigueur de la monnaie unique, on constate que celle-ci n’a pas dépassé 2,1% dans la zone euro. L’objectif a donc été atteint. Sur le plan de la croissance, exprimée en PIB par tête par an, on voit que la zone euro fait jeu égal avec les Etats-Unis. Quant à la balance courante de la zone euro, elle est proche de l’équilibre. Ce qui est une performance sans commune mesure avec celle des Etats-Unis. Alors qu’au début de la zone euro le cours des matières premières baisse, que l’Allemagne y entre à un niveau élevé pendant que certains pays la rejoignent par le bas (soit par les coûts), la devise européenne est faible par rapport au dollar. Désormais, l’euro s’apprécie face au billet vert et au yuan. La zone euro n’a donc pas franchement à rougir en matière de taux de changes. Mais alors, quel est le problème de la zone euro, Ces données sont en fait des moyennes. L’écart de croissance, de 1,8 point en 2000 entre l’Allemagne et l’Espagne, s’élève à 8 points en 2010 entre la Grèce et l’Allemagne. Nous assistons en réalité à un bouleversement des hiérarchies au sein de la zone puisque les pays du Nord font désormais la course en tête à la place des pays d’Europe du Sud 10 ans plus tôt. Il y a maintenant une Europe à deux vitesses. Les pays du Nord (Autriche, Pays-Bas, Allemagne, Belgique et Finlande) affichent un taux de chômage inférieur à 8% quand celui-ci oscille en Europe du Sud entre 8% (Italie) et 21% (Espagne). Même idée de deux Europe à l’aune de la balance courante avec les pays du Nord structurellement excédentaires et ceux du Sud structurellement déficitaires. C’est ainsi que d’excédentaire, la France est devenue déficitaire. Le solde du commerce extérieur de la France révèle que le pays perd du terrain en Europe pour l’essentiel. Pire encore, elle perd du terrain sur ses points forts. Dans le domaine des IAA (hors boissons), l’excédent de 600 millions d’euros sur la période 1999-2000 de la France par rapport à l’Allemagne s’est transformé en déficit de 1 milliard d’euros. Même idée pour l’industrie automobile nationale par rapport à la zone euro. En somme, la France a perdu ses places fortes et du terrain sur ses deux principaux bastions (les IAA et l’industrie automobile). L’examen des marges est également riche d’enseignements. Le taux d’EBE sur valeur ajoutée de l’industrie manufacturière allemande a gagné plus de 8 points entre 2000 et 2007 pour s’établir à 30,8%. Sur la même période, celui de la France a reculé de 29,5% à 28%. Or, ce sont les marges qui permettent de créer des emplois et des entreprises de croissance dans un pays. Sans doute ces marges étroites expliquent-elles que le tissu français d’entreprises de croissance (plus de 50 salariés) se soit contracté de 20% entre 2003 et 2010 à moins de 10 000 unités.
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