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Grandes écoles : lieu de formation ou passeport social pour la vie ?

Publié le mardi 11 février 2020 . 5 min. 59

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Lorsque les nominations à des postes prestigieux sont annoncées dans la presse économique, pourquoi est-il d’abord fait état de l’âge et du diplôme de l’intéressé ? Du style : « Hervé Vincent, 50 ans, HEC, est nommé Chief Executive Officer de GBC, autrement dit General Bullshit corp.». Quelle importance ont aujourd’hui les connaissances acquises il y a plusieurs décennies à HEC, à Sciences Po, Polytechnique ou ailleurs ? Peu. D’ailleurs, beaucoup d’alumni avouent ne pas avoir ouvert plus d’un livre par an depuis la sortie de l’école. Mais ce qui intéressera le lecteur, c’est de savoir à quel réseau d’anciens appartient le nouvel homme, ou la nouvelle femme, de pouvoir….


De la socialisation au blues


De nombreux signes, comme la solidarité et l’influence des réseaux d’anciens, laissent penser que les Grandes écoles sont autant, voire davantage, des lieux de socialisation que de formation. Cette socialisation n’est pas en soi critiquable : dès le primaire, l’école est un lieu de socialisation en même temps que de formation, comme l’on constaté et théorisé nombre de sociologues. Et les études supérieures, comme les associations, participent ensuite à la « socialisation secondaire » des jeunes adultes.


Dans les Grandes écoles, ses modalités ont toutefois de quoi interroger, au vu des retours d’expérience des élèves. Un des signes qui en témoigne est le phénomène bien connu du « blues » post-classe préparatoire, notamment dans les écoles de commerce. A l’arrivée dans leur école, les vainqueurs des concours découvrent des cours qu’ils jugent souvent moins riches et moins exigeants intellectuellement, s’en désengagent, expriment leurs doutes, notamment auprès de leurs anciens professeurs de prépa.


Ce « blues » inquiète les écoles de management comme les profs de prépas HEC qui ont travaillé sur la meilleure façon de réaliser un « continuum » pédagogique entre les deux mondes. Ces dernières années, des maquettes pédagogiques ont été modifiées pour faire de la première année « post-prépa » une année de transition avant la professionnalisation du master. Dans certaines écoles, des immersions en entreprise sont plus rapidement proposées pour que les enseignements techniques trouvent vite une application concrète. Les cours de sciences humaines et sociales ont aussi été renforcés pour donner plus de profondeur d’analyse. Les Grandes écoles et leurs enseignants font donc des efforts pour préserver les équilibres entre formation et socialisation.


Une certaine vacuité conformiste


Il reste que le blues des nouveaux est révélateur. Une fois entrés dans une Grande école — et donc assurés d’en sortir— les élèves sont désireux (après deux années de labeur aride) de s’investir dans le monde associatif, comme les y incitent leurs établissements. Cette mise en pratique associative devient centrale dans certains emplois du temps. Or, elle développe certes des compétences, au travers de la gestion d’un bureau des élèves, ou des missions à assurer pour une Junior entreprise, l’organisation de forums carrières ou d’évènements sportifs, culturels, ou d’autres. Une excellente occasion de remplir son carnet d’adresse pour ne pas injurier l’avenir. Mais la fête peut aussi prendre le pas sur les cours. Et parfois dégénérer comme de nombreux témoignages parus dans la presse en témoignent.


Des satires au vitriol au sujet de ces dérapages paraissent de temps à autres aussi en librairie. La Bande dessinée « Sup de Cons Le livre noir des écoles de commerce » écrite et dessinée par Zeil, pseudonyme d’un ancien directeur académique d’une Sup de Co, ne prétend pas décrire la totalité des grandes écoles, mais son auteur présente de façon grinçante les travers de certaines d’entre-elles : promotion coûteuse pour « attirer le consommateur avec la promesse d’une expérience “fun” digne d’une agence touristique », contenu international et débouchés professionnels enjolivés, coût sous-évalué compte tenu des frais annexes, vie étudiante très alcoolisée, missions humanitaires faire-valoir, cours de faible qualité pour certains avec des innovations pédagogiques de façade… Bref, tout pour se faire des amis.


Sans prendre au pied de la lettre le roman psychédélique écrit par Tom Connan, « Le Camp », qui a pour cadre « HIC » — pour Hautes Imbécilités Capitalistes —, son auteur, ancien élève de Normale Sup et d’HEC, n’en formule pas moins des critiques acerbes à l’égard de la pensée dominante dans une très grande école de commerce, dépeignant l’existence d’une certaine vacuité conformiste, d’un désintérêt des élèves pour les cours et de la façon dont certains peuvent s’y comporter davantage en client qu’en élève. Ce qui rejoint certains témoignages personnels d’enseignants d’autres grandes écoles à qui des élèves se permettent de répondre « C’est moi qui vous paye ! ».


Alors, il ne s’agit bien sûr pas de généraliser ces travers bien connus et que les Grandes écoles s’efforcent de réduire. Elles ont de très bons enseignants, même si tous n’enseignent pas beaucoup, une partie étant recrutés pour privilégier la recherche qui fait la réputation des établissements dans les classements internationaux. Il ne faudrait pas non plus limiter les critiques aux seules écoles de commerce. Des Polytechniciens témoignent, par exemple, d’une déception ancienne déjà à l’égard du contenu de leurs études.


Il ne s’agit pas, enfin, de céder au dénigrement de tous les élèves qui ont réussi des concours et qui n’ont pas de raison d’être plus parfaits sur tous les plans que d’autres jeunes : comme dit le dicton « il faut que jeunesse se passe ».


Mais on peut finalement questionner les effets de cette socialisation très bien organisée, disposant de nombreux moyens, mais qui éclipse parfois la quête de l’excellence. En même temps, paradoxalement, qu’elle renforce le sentiment d’appartenance à une élite pour la vie.


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