La multiplication des offres de coachs ou de conseils payants en orientation n’est pas seulement due aux angoisses des parents quant à l’avenir de leur progéniture confrontée aux incertitudes de Parcoursup. Hyper-stratifié, l’enseignement supérieur dans notre pays est tout sauf simple, donnant une prime d’accès aux initiés. Et dans le domaine du management, le jardin à la française est si complexe qu’il prend des allures de maquis, dont les entrées et les sorties multiples sont autant de jeux de pistes pour les élèves de terminales, comme pour les étudiants de premier cycle qui veulent se spécialiser ultérieurement en gestion.
Vu de loin, il y a deux voies pour poursuivre des études longues dans ce domaine : les écoles et l’université. D’un côté, on trouve 333 écoles de commerce, de gestion et de vente comptent plus 187 000 étudiants, parmi lesquelles on recense 105 grandes écoles reconnues par l’Etat et délivrant des diplômes visés par l’Etat, où étudient plus de 141 000 étudiants. De l’autre, il y a l’université, avec plus de 238 000 étudiants dans les différentes filières : en économie, gestion, administration économique et sociale et aussi dans les écoles universitaires de management, les IAE.
En comptant très large, ce sont ainsi 425 000 étudiants, soit un sur six, qui suivent en France un cursus long et lié, de près ou de loin, à la gestion. Mais ils y arrivent parfois par accident ….car connaître dans le détail les voies d’accès, à la valeur et au coût inégal, relève du spécialiste.
Qu’on en juge : après le bac, faut-il choisir une des classes prépas commerciales ou encore une hypokhâgne, afin de rejoindre en troisième année l’une des grandes écoles de commerce délivrant le grade de master à bac +5 ? Faut-il plutôt opter pour l’un des programmes de Bachelors à bac +3 ou bac +4 de ces écoles, en ayant vérifié que leur diplôme est bien visé par l’Etat et en espérant qu’il pourra bénéficier à terme du grade de Licence? Ou encore choisir de présenter un concours menant aux écoles de commerce post-bac délivrant elles-aussi un grade de master ?
Si l’on s’inscrit à l’université, de multiples variantes existent : on pourra intégrer –selon ce que l’on trouvera près de chez soi- une faculté d’économie-gestion, la plus courante, ou de droit-économie gestion, ou tout simplement de gestion quand elle existe… et y on suivra soit un cursus d’économie-gestion, soit d’économie, ou de gestion, ou encore d’administration économique et sociale…. Autre option : entrer dans un IAE, puisque 13 d’entre eux, sur 32, recrutent dès après le bac….
Et le parcours du combattant ne sera pas pourtant terminé. Après la licence, il faudra choisir parmi l’un des nombreux masters de gestion, et y être admis puisqu’ils sont sélectifs. Faudra-t-il mieux, alors, le suivre à l’université ou dans un IAE? Ou bifurquer plus tard dans un mastère spécialisé de grande école ? Mystère pour beaucoup….
Car la carte des formations, loin d’être homogène sur le territoire, s’est construite au gré des querelles de chapelles et des rivalités au sein de l’université, et entre universités et grandes écoles, qui restent largement présentes. Entre autres exemples : les IAE n’appartiennent pas à la Conférence des grandes écoles (CGE), alors que l’université Paris Dauphine en fait partie, de même que Sciences Po, encore un établissement, d’ailleurs, où l’on peut apprendre la gestion….
Au total, l’enseignement de la gestion manque totalement de visibilité, et ses cursus restent pour beaucoup un labyrinthe abscons. Les experts de la gestion, adeptes de la simplification administrative, ont sous leurs yeux un beau chantier auquel s’attaquer.
Publié le mardi 08 octobre 2019 . 4 min. 09
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d'Adrien de Tricornot
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