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Comprendre l'indispensable utilité... de l'inutile

Publié le lundi 12 février 2018 . 4 min. 11

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S’il fallait nous accorder sur la philosophie dominante de notre temps, nous n’aurions pas de peine à nous mettre d’accord sur la prééminence de l’utilitarisme. Cette doctrine en philosophie politique étend son influence sur tous les continents, dans tous les gouvernements aux options politiques pourtant bien différentes voire opposées, et ce jusque dans les organisations petites ou grandes.


La moralité d’une action est évaluée en fonction de ses effets, elle procède donc toujours d’un calcul d’utilité. C’est ce qu’on appelle le « pay-off »  aux Etats-Unis, qui est comme la seconde religion du pays, ou le ROI (retour sur investissement).


Or le caractère d’utilité ne concerne-t-il que ce qui rapporte ? Et doit-on assimiler ce qui est utile à ce qui est profitable ? Nuccio Ordine paraît en douter grandement dans un essai traduit en français : L’utilité de l’inutile. L’auteur paraît ici indiquer deux choses : d’une part, il faut concéder à l’inutile d’exister encore dans ce monde dominé par l’utilitarisme, et d’autre part de reconnaître sa propre part d’utilité.


Avec ce titre facétieux, ce critique littéraire italien très réputé, spécialiste de Giordano Bruno et de la Renaissance, propose en fait une contestation du royaume de l’utilité en son sein même. Car, nous dit-il subrepticement, l’inutile caractérise l’humanité au moins autant que l’utile : les sciences, les arts, au fond tous les formes de curiosité intellectuelles et spirituelles ne sont pas nécessairement fondées sur un principe d’efficacité et c’est justement ce qui leur confère de l’importance, car c’est là la prérogative et le privilège de l’humain. Etre humain, c’est savoir d’abord reconnaître la primauté de l’utilité de l’inutile. Tout se passant comme si, dans le registre des choses utiles, c’était bien l’inutile qui devait être placé au premier rang.


D’où l’importance, prévient l’auteur, de ne pas "tuer progressivement", dans notre système éducatif, "la mémoire du passé, les disciplines humanistes, les langues classiques, l’instruction, la libre recherche, la fantaisie, l’art, la pensée critique".


Ce petit livre est important pour le monde économique selon au moins deux raisons. Avant d’être utiles à des systèmes, il n’est pas inutile pour les managers de leur rappeler qu’une part de leur expérience du travail échappera toujours au principe d’utilité. La satisfaction de venir à bout de quelque projet, l’entraide expérimentée entre les membres d’une équipe, les frustrations qu’ils ressentiront dans le cadre de leurs missions parfois, tout cela sera vécu par delà l’immédiatement mesurable, calculable et profitable. Il y a dans les systèmes qui promeuvent l’utilité quelque chose qui leur échappe.


Or ce qui leur échappe c’est précisément la force de l’inutilité, c’est-à-dire au fond le sens caché de l’utilité, son humanisme. Dans une conférence de 1961, Eugène Ionesco indiquait ceci : "Regardez les gens affairés, dans les rues. (…) Ils foncent tout droit, mais toujours sans regarder devant eux, car ils font le trajet, connu à l’avance, machinalement. (…) [L’homme pressé] ne comprend pas que, dans le fond, c’est l’utile qui peut être un poids inutile, accablant. Si on ne comprend pas l’utilité de l’inutile, l’inutilité de l’utile, on ne comprend pas l’art ; et un pays où on ne comprend pas l’art est un pays d’esclaves ou de robots, un peu de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit."


Comprendre l’art pour éviter d’agir en machine, voilà un prérequis dont les managers, à l’ère de l’intelligence artificielle qui leur fera de plus en plus concurrence, devront tenir compte. Ce petit livre, qui aborde la critique de l’homme utile par Baudelaire, l’éloge de la gratuité chez Italo Calvino, le désintéressement du jugement de goût chez Kant ou l’augmentation du budget de la culture développée en son temps par Victor Hugo, permet je crois de mieux distinguer les différents sens du mot utile, bref de distinguer l’essentiel de l’accessoire.


Car derrière ce cri pour la culture humaniste en effet, se cache à peine une critique des projets éducatifs tendant à exclure la grâce, la beauté et l’esprit de leur programme. Pour le dire comme Ordine : il faut enfin considérer "comme utile tout ce qui nous aide à devenirs meilleurs".


D'APRÈS LE LIVRE :

L'utilité de l'inutile

L'utilité de l'inutile

Auteur : Nuccio Ordine
Date de parution : 09/03/2016
Éditeur : Fayard/Pluriel
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