Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


Oikonomia : la philosophie de l'économie chez les Grecs

Publié le jeudi 29 février 2024 . 3 min. 46

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Les modernes se sont longtemps illusionnés en pensant que c’est grâce à eux que l’économie avait été inventée. Pour Schumpeter et quelques autres, tout ce qui avait été dit dans le champ de l’économie durant l’Antiquité n’avait aucun intérêt scientifique, et ne méritait donc pas une heure de peine. Or tout cela était bien vrai, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive à quel point non seulement les « opérations de l’économie - acquérir des biens, les conserver, en user » furent une préoccupation constante des Grecs, et qu’ils n’ont eu de cesse d’y penser avec intelligence, et avec subtilité. Alors que les modernes ont concentré leur attention sur des considérations strictement instrumentales, comment accroître la richesse ?, les anciens avaient bien vu que le bon agencement des moyens pour accroître sa richesse devait y adjoindre la question de savoir pourquoi.


« Loin de se réduire à la prescription de techniques efficaces » explique Etienne Helmer – qui étudie la philosophie grecque de l’économie, c’est là le sous-titre de son dernier ouvrage – leur pensée des pratiques économiques tend à en faire un art particulier de réalisation individuelle et collective (…) une finalité propre indexée sur une valeur suprême de nature morale ou politique. » (p. 17) En bref si les modernes se sont posés cette question « comment devenir riche », les anciens en ajoutaient une deuxième : « qu’est-ce qu’être riche ? » (p. 21) Voulant désigner par-là, outre le caractère subjectif de la notion de richesse, une interrogation « portant sur les modes d'organisation psychiques et politiques qui correspondent aux diverses modalités du désir de richesse » (p. 121). En bref, la science de la richesse comme la bonne administration des affaires méritent d’être philosophiquement interrogée sur le plan de leur « usage droit ». Un usage droit qui mènerait au bonheur selon deux principes :


-le premier d’entre eux concerne le contrôle des appétits, « l'enkrateia » en grec (p. 155). Le bon gestionnaire est celui ou celle qui exerce un contrôle sur ses propres besoins. S’enrichir, notamment chez Socrate, ce n’est pas accumuler des biens dont on ne sait tirer parti mais savoir maîtriser ses appétits matériels. Aristote ira dans le même sens en distinguant la chrématistique, l’accumulation de richesse, toujours sujette à la démesure et à une quête sans fin, de l’oikonomia proprement dite qui questionne l’argent sur le plan de sa finalité propre, et de ses limites. Gérer c’est au fond savoir mettre de l’ordre dans ses affaires, c’est-à-dire mettre l’accumulation à sa place, toujours inférieure à l’objectif de « vie bonne » c’est-à-dire à l’harmonie esthétique et morale.
-Le second principe, le renversement de la perte au gain, nous est fourni par les épicuriens et en particulier Philodème : selon lui en effet « le manque d'humanité et de douceur, ou la réticence à partager, produisent des maux, alors que dépenser avec mesure, partager, faire preuve d'humanité et de douceur : toutes ces attitudes, loin d'entraîner une perte, doivent produire un gain » (p. 159). Dépenser pour ses amis est un investissement beaucoup plus sûr nous dit-on, sur le plan de la satisfaction personnelle, que l’acquisition de nouvelles terres toujours sujettes à complications et contretemps. La véritable richesse est celle qui est « utile à une communauté politique, familiale » (p. 64) ou amicale.


En bref, comme les économistes classiques, les philosophes grecs avaient perçu le caractère instrumental de la richesse, ce qui est très juste et très vrai, mais contrairement à eux, ils avaient bien vu que tout instrument est par définition nécessairement limité. Au point que l’on peut se demander si le reproche qui a été fait aux philosophes grecs de ne pas avoir su théoriser l’économie ne pourrait pas être retourné aujourd’hui contre l’économétrie contemporaine : elle qui semble négliger le fait que la rationalité économique n’est pas moins philosophique que scientifique. Ce que précisément mettait en évidence la philosophie grecque de l'économie, essentielle à redécouvrir aujourd’hui.


D'APRÈS LE LIVRE :

Oikonomia : Philosophie grecque de l'économie

Oikonomia : Philosophie grecque de l'économie

Auteur : Étienne Helmer
Date de parution : 21/04/2021
Éditeur : Classiques Garnier
COMMANDER

Les dernières vidéos
Idées, débats

Les dernières vidéos
de Ghislain Deslandes

#a544a3 STRATÉGIE & MANAGEMENT Puissance de la douceur Ghislain Deslandes 31/01/2024
Ghislain-Deslandes-Puissance-de-la-douceur-306349926.jpg
04:05
x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :