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Puissance de la douceur

Publié le mercredi 31 janvier 2024 . 4 min. 05

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Ne serait-ce pas le moment de se saisir enfin sérieusement du problème de la démobilisation généralisée au travail ? Pour rappel en effet une infirme minorité, seulement 20% des employés dans le monde, c’est ce qu’indique l’étude Gallup « State of the global workplace », sont réellement engagés dans leur job. Ce chiffre nous autorise à envisager, me semble-t-il, de nouvelles manières de concevoir l’administration des affaires et le travail collaboratif.


Or les recettes les plus courantes, de la psychologie positive à la gamification des rapports humains en passant par l’angoissante holacratie, où chacun devient le chef de tous les autres dans des formes de tyrannie plus ou moins larvées, échouent hélas à situer la motivation au travail dans l’ordre qui est le sien, celui du désir et de l’affect. C’est la raison pour laquelle il faudrait privilégier un management plus affectif qu’effectif, plus subtil et plus fin, plus faible que fort, plus vertueux que systémique. Plus modeste en somme, non dans ses ambitions, mais dans ses méthodes et ses incarnations. Un tel management aurait à cœur, non certes d’adoucir les mœurs sur le mode de la théorie du « doux commerce » de Montesquieu, mais tout simplement de rendre le principe de subordination moins brutal. Mais si la douceur est une vertu privée, un prédicat appartenant à Dieu plutôt qu’aux hommes si l’on en croit la Bible, en quoi pourrait-elle devenir aussi un principe de management ? La philosophe Anne Dufourmantelle nous donnait quelques pistes en 2013, dans un petit livre récemment réédité au titre en apparence oxymorique : Puissance de la douceur.


-d’abord elle nous indique que la douceur est un art de vivre dont le développement « a nécessité des millénaires » (p. 23). Raffinement des conduites, subtilité dans les rapports à autrui, l’art de se comporter avec douceur revient à comprendre les êtres « dans leur insuffisance, leur précarité, leur immaturité, leur bêtise » (p. 36). Elle précise que cette forme de délicatesse n’intervient jamais autant que dans l’art équestre, qui « suppose l'entente de l'homme et de l'animal à un haut degré de raffinement et de complicité. Il s'agit pour l'un de comprendre (de deviner, de tolérer) l'autre au point d'en être accepté. » Un exercice de guidage dont on a assez dit sur ce plateau qu’il ressemble à s’y méprendre au délicat exercice de pilotage des organisations.


-Dufoumantelle indique ensuite que « l’esprit de douceur » ne doit pas être pris comme une faiblesse au sens usuel, mais comme un ingrédient irremplaçable dans la construction des liens relationnels et la composition d’une éthique collective. Elle rappelle à ce titre ce célèbre passage des Béatitudes : « Heureux les doux car ils régneront sur le monde. »
-L’auteure précise enfin que la douceur ne saurait être le contraire de la violence. La douceur c’est ce qui résiste à l’exercice de la puissance, s’y oppose, avec hardiesse et détermination. Le contraire de la douceur, ce serait en fait la douceur elle-même, mais fausse : la fadeur, la sensiblerie, le « zen ». La vraie douceur se moque de la douceur pourrait-on dire, de celle qui fait vendre, des lessives ou des crèmes, mais qui ne contient aucune force de transformation profonde des êtres et des choses.


Ne serait-ce que pour ces trois raisons « attenter à la douceur est (donc) un crime sans nom », comme le réitère la philosophe Catherine Malabou dans une préface inédite. Il se pourrait même que la douceur ne soit rien moins que l’intelligence même, placée au cœur du circuit des affects. Elle est donc une « fête sensible » qui indique que « la  haine ne peut (jamais) nous suffire pour survivre »  (p. 118). C’est par les sens que la puissance et l’érotisme de cette fête « se distille », ainsi que le note l’auteure à qui je laisse la parole : « Érotique, la douceur l'est de toutes les manières possibles. Parce que l'intention qui la contient est un apprivoisement de la sauvagerie des humeurs et du corps. » (p. 80).


D'APRÈS LE LIVRE :

Puissance de la douceur

Puissance de la douceur

Auteur : Anne Dufourmantelle
Date de parution : 04/05/2022
Éditeur : Rivages
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