La fabrication additive entre dans l’ère de l’industrialisation. La récente accélération des investissements en témoigne, à l’instar de la création par Safran d’un campus dédié à la fabrication additive ou du soutien apporté par Dassault au programme AEROPRINT. La filière aéronautique s’en sert notamment pour créer des pièces aérodynamiques légères, tout en respectant les cadences de production imprimées en petites et moyennes séries. L'automobile adopte également cette technologie pour produire des pièces à forte valeur ajoutée. Troisième marché phare de l’impression 3D, le médical, notamment pour la création d’implants et de prothèses sur-mesure. Au total, le marché mondial de la fabrication additive a représenté un chiffre d’affaires de 9,5 Md€ en 2019 selon nos premières estimations, en hausse de 20% sur un an.
Cependant, la France affiche un retard considérable. Premièrement, les fabricants français d’imprimantes 3D sont peu nombreux. Ensuite, ils se positionnent majoritairement sur le segment grand public qui est peu porteur contrairement à l’impression professionnelle. Enfin, les acteurs tricolores se trouvent pénalisés par la faiblesse de la demande intérieure en lien notamment avec la désindustrialisation du pays. À l’échelle planétaire, ce sont les américains Stratasys et 3D Systems qui dominent largement la fabrication additive. Les deux leaders sont présents sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la fabrication d’imprimantes 3D à l’édition de logiciels. Mais face à l’offensive d’acteurs low-cost et à la baisse des ventes sur le segment grand public, Stratasys et 3D Systems ont dû se retrancher dans l’impression 3D professionnelle. Sauf que là aussi, sur ce créneau, la concurrence s’intensifie avec l’arrivée de nouveaux acteurs, notamment ceux issus de l’impression 2D. Après HP et Ricoh, c’est au tour de Xerox de faire son entrée sur le marché en mettant la main début 2019 sur Vader Systems, un concepteur d’imprimantes 3D métal.
Pour s’ériger en alternative crédible face aux autres méthodes de production, notamment sur le segment des pièces de petites et moyennes séries, les fabricants sont tenus d’augmenter la vitesse des machines. De leur côté, les prestataires de services d’impression investissent dans la modernisation et l’automatisation de leur parc d’imprimantes. Et au-delà de l’aéronautique, de la santé et de l’automobile, les spécialistes ont encore de nombreux marchés à conquérir. Pour ce faire, ils misent sur des partenariats avec des organismes de recherche ou des industriels. Le fabricant AddUp a signé en juin 2018 un partenariat de 2 ans avec Decayeux STI, spécialiste de la transformation des métaux. Autre option pour diversifier ses marchés clients : les acquisitions comme l’a fait le fabricant tricolore Prodways qui a mis la main sur la société Surdifuse-L'Embout Français pour ainsi devenir le leader national sur le marché de l’embout auriculaire sur-mesure. L’industrie hexagonale peut enfin compter sur l’appui des pouvoirs publics, qui cherchent à accélérer la diffusion de la fabrication additive en tant que technologie structurante à long terme. Je pense notamment au plan 3D Start PME qui vise à sensibiliser les petites et moyennes entreprises aux avantages de cette technologie.
Publié le lundi 10 février 2020 . 3 min. 31
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