Le manager de l'âme
Publié le mardi 17 décembre 2019 . 3 min. 06
Dans les années 1980, le philosophe Michel Foucault décrivait le pouvoir pastoral comme une technique de pouvoir, tournée vers les individus, et destinée à les diriger de manière continue et permanente. Un petit peu à l'image du berger, qui exerce un pouvoir de contrôle sur le troupeau, en portant une attention individuelle et singulière à chaque membre, pour les guider et les conduire vers le but qu'il a choisi pour eux.
Aujourd'hui, les nouveaux styles de management, centrés sur le développement personnel par l'entreprise, et décrits par Valérie Brunel dans son ouvrage "Les managers de l'âme", s'en rapprochent à bien des égards.
Elle souligne que le manager est désormais un "coach", au service du développement personnel du managé: il a pour tâche de (re)mettre la personne en contact avec sa motivation interne, en faisant appel à des facteurs cognitifs et affectifs personnels, comme le besoin de sentir utile, de faire du bon travail, ou encore de trouver du sens...
On demande donc à l'entreprise, par l'intermédiaire du manager, de créer chez le salarié le sentiment que son appartenance à l'organisation va lui permettre un épanouissement aussi bien professionnel que personnel.
C'est ce qui va contribuer à donner un sens à l'action du salarié, tout en lui donnant le sentiment qu'il est libre de ses choix et de ses actes. Autrement dit, l'individu ne doit pas se sentir contrôlé, mais doit œuvrer à son propre développement.
Le "manager-coach" doit en conséquence remplir un triple rôle : développement personnel ; évaluation et contrôle par le feed-back, tout en excluant les attitudes traditionnelles de pouvoir vertical.
Or, cet exercice s'avère particulièrement délicat. Il place en effet le manager dans une situation à la limite du "psychologue clinicien". Ce dernier est incité à faire preuve d'une neutralité bienveillante. Mais dans le même temps, le manager doit veiller régulièrement aux résultats opérationnels de ses managés en fournissant un jugement de valeur officiel à l'attention de la direction.
Ce nouveau style de pouvoir euphémisme donc la relation de pouvoir, puisque la relation managériale se veut dénuée d'autorité formelle. Quant à l'exercice du pouvoir, il dans ce cadre avant tout présenté comme un devoir.
C'est un pouvoir qui se veut individualisant, qui demande de connaître les besoins de chacun, de veiller sur chacun; un pouvoir qui poursuit un but, celui du développement de la personne, et qui amène le sujet à souhaiter et produire lui-même sa conformité au modèle. C'est donc ce qui constitue in fine la meilleure garantie de son obéissance - à l'image du berger guidant ses brebis vers de verts pâturages. Quant à savoir si le salarié devient à mouton face à ce nouveau mode de managements, eh bien c'est là une autre histoire...
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