Au moment de l'introduction de l'euro, la production industrielle vient de subir une longue cure d'austérité et le contrecoup de la crise des émergents. La production chute de 3% au second semestre 1998. Mais dès le 1er semestre 1999, s'enclenche une nouvelle dynamique alimentée par la formidable accélération du commerce mondial, sans oublier le décrochage de l'euro qui tombe à 0,82 dollar en octobre 2000. C'est la Grande-Bretagne qui est pénalisée par une livre trop chère. Puis c'est l'éclatement de la bulle internet en 2001. Les demandes intérieures s'enrayent : la production plonge de 5% en un an puis stagne jusqu'en 2004. Mais, en arrière-plan, deux transformations majeures sont déjà à l'?uvre. Dans le Sud de la zone euro mais aussi en France et au Royaume-Uni, on a choisi de stimuler la consommation et l'immobilier. En France, c'est aussi le choc des délocalisations. La stratégie allemande est aux antipodes, donnant la priorité aux réformes structurelles, à la sous-traitance dans les régions à faible coût, jouant tout à la fois compétitivité-prix et montée en gamme. Alors certes, on assiste à une formidable accélération de la production industrielle européenne de 2005 à 2008. Mais en vérité, il s'agit pour l'essentiel de la montée en puissance de l'Allemagne qui gagne des parts de marché sur ses partenaires tout en réalisant une intégration productive de l'est-européen. La crise de 2008 va d'ailleurs jouer le rôle de révélateur. L'effondrement de la demande internationale (-21%), frappe dans un premier temps tous les pays de la zone euro. Le Royaume-Uni (-13%) résiste mieux mais part de plus bas. Mais si tout le monde remonte du 1er trimestre 2009 jusqu'au début 2011, seule l'Allemagne parvient à maintenir ses positions entre 2011 et 2012. Pour la France, et plus encore en Italie et en Espagne, c'est la rechute, avec un marché domestique enfoncé par les cures d'austérité. Derrière le dogme de la compétitivité, on a oublié un peu vite que l'essentiel de la production est destinée au marché intérieur. Le rebond est certes indubitable depuis 2013. Mais si les industriels du Sud redeviennent compétitifs, c'est à grand coup de déflation salariale, dans une stratégie d'export au détriment de la demande intérieure. Mais c'est encore l'Allemagne qui bénéficie le plus de cette reprise. Mais cette fois-ci avec un invité surprise, la Grande Bretagne, qui réussit un come-back industriel sans sacrifier sa propre demande. Mais le bilan est là. Depuis 1998, un an avant la création de l'euro la production manufacturière a chuté de 21% en Italie, de 19% en Espagne, de 12% en France et de 5% en Grande-Bretagne. Vainqueur par KO, l'industrie allemande a progressé de 34%.
Le Graphique, 15 ans de production industrielle en Europe : l'Allemagne vainqueur par KO, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 15 mai 2014 . 3 min. 15
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