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Que sont devenus, dans notre société en mutation digitale, les espoirs d’émancipation portés par Mai 1968 ? C’est la question posée par l’essai de Daniel Cohen, qui ne cache pas son spleen devant l’atomisation de la société, ni son sentiment que les chaînes subtiles de l’addiction au numérique, combinées au jeu des algorithmes, sont en train, subrepticement, d’enfermer les petits-enfants des révoltés du travail à la chaîne.

 
L’auteur prend le parti de sortir peu d’outils de sa boîte d’économiste. Et s’il en sort, c’est dans le droit fil de ses écrits plus récents sur l’économie comportementale. La phrase du titre : « Il faut dire que les temps ont changé… »,  cite le refrain de la chanteuse Diane Tell, et suggère sa suite, bien connue : « Aujourd’hui, c’est chacun pour soi ». C’est en effet son sentiment de déception sur l’état de la société que partage l’économiste, doublé, -c’est le sous-titre-, d’une inquiétude quant au virage numérique en cours. Bref, il s’agit plus d’un essai sur la condition humaine face à la machine que d’un ouvrage de théorie économique.

 
La société digitale, met-il en garde, nous « assigne à résidence derrière ses écrans ». Contrôlée par des monopoles ou des oligopoles qui captent l’essentiel de la valeur créée, elle défie même l’état de droit et la démocratie : « Internet a créé ce monde étrange où les données privées peuvent être vendues au tout-venant, tout en protégeant l’anonymat des auteurs de libelles haineux », souligne l’économiste.

 
Alors il ne s’agit pas seulement de mieux éduquer au numérique pour en garder le contrôle, de remettre davantage de concurrence entre les géants du net, de permettre aux acteurs de la santé et de l’éducation de reprendre en main leurs ressources et leur transition numérique, ou de réfléchir au revenu universel, toutes propositions formulées dans ce livre.

 
On le comprend, il faut aussi se débarrasser du mythe ambiant selon lequel la technologie et l’économie, laissées à elles seules, vont répondre comme par enchantement aux défis de notre époque. « Lorsqu’il s’agit de simuler la consommation des 100 milliards de neurones du cerveau humain, l’ordinateur le plus puissant du monde, Sequoia, consomme 12 gigawatts, soit l’équivalent de la puissance du gigantesque barrage d’Itaipu, à la frontière du Brésil et du Paraguay », souligne Daniel Cohen.

 
S’il ne prend pas position dans le débat sur une éventuelle « fin du travail », il souligne que la société post-industrielle, celle du tertiaire et des services, n’a pas accouché de sa promesse de revalorisation du travail humain, empruntant, au contraire, le chemin d’une précarisation croissante. D’un étroit point de vue économique, cette évolution est logique : dès lors qu’il s’agit de s’occuper de l’autre, de l’accompagner, de le soigner, de lui enseigner, de l’aider, les progrès de productivité possibles restent limités. La taylorisation a donc fait la chasse aux « temps morts » et intensifié, parfois jusqu’à l’inhumain, certaines tâches de services.

 
Le prolongement, nous y entrons, c’est la société digitale et la perspective de gains de productivité presque infinis dans tous les secteurs de l’activité humaine, réalisés par le truchement d’applications automatisées. Permettra-t-elle de revaloriser la part d’humain qui restera dans le travail et la société à l’avenir ? Pas spontanément, prévient Daniel Cohen. Il défend, par conséquent, la nécessité d’exprimer une double critique « sociale et artiste » de la société digitale, une convergence qui s’était exprimée en Mai 1968, et qu’il juge indispensable de revivifier.

 
Ni technophobe, ni pessimiste foncier, l’auteur ne cède donc pas au déterminisme. L’avenir n’est écrit nulle part. Mais l’irruption du numérique ne dispense pas d’une distance, et d’une remise en question. Une approche finalement modeste et salutaire, à l’heure ou tant de gourous prétendent connaître le monde qui nous attend pour l’avoir lu dans leurs boules de cristal.


Publié le lundi 24 septembre 2018 . 4 min. 29

D'APRÈS LE LIVRE :

"Il faut dire que les temps ont changé...": Chronique (fiévreuse) d'une mutation qui inquiète

Auteur : Daniel Cohen
Date de parution : 29/08/2018
Éditeur : Albin Michel
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