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Moins d’un an après s’être massivement mobilisé, le monde agricole est à nouveau au bord de l’explosion. Après une année marquée par les pluies les plus abondantes du siècle et une série de crises sanitaires, l’annonce de la signature imminente d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, marché commun d’Amérique du Sud, provoque un véritable tollé. Pour les agriculteurs, il est évident qu’ils sont, une fois de plus, la principale variable d’ajustement de Bruxelles. Dans les faits, ce traité vise à faciliter les échanges de biens et de services entre l’UE et les cinq pays membres du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) en réduisant significativement les barrières tarifaires. Les montants en jeu sont colossaux : rien que pour les biens, les échanges représentent plus de 50 milliards d’euros d’importations et d’exportations, avec un solde généralement favorable à l’UE, sauf en 2022.


Un déséquilibre commercial préoccupant


Cependant, le diable se cache dans les détails, car la balance commerciale est profondément déséquilibrée. D’un côté, les biens non-agricoles sont amplement excédentaires, et les services affichent eux aussi un solde structurellement positif. En revanche, les biens agricoles plongent dans le rouge. En substance, l’accord en cours de négociation consiste à faciliter encore davantage l’accès des marchés sud-américains aux produits chimiques et aux automobiles allemandes, contre l’ouverture des marchés agricoles européens aux produits du Mercosur, notamment la viande bovine, la volaille, le sucre et l’éthanol. Bien que des quotas soient prévus, les importations augmenteront inévitablement, affectant des marchés agricoles déjà fragilisés. La frustration des agriculteurs est d’autant plus grande qu’ils se retrouvent une fois de plus dans une situation d’inégalité, les produits importés ne respectant pas les mêmes normes sanitaires et environnementales.


Une déconnexion croissante entre agriculteurs et néoruraux


Les intérêts agricoles semblent mal défendus en Europe, et la situation est particulièrement critique en France. En cause, un déclin démographique agricole qui a vu le nombre d’exploitations et de travailleurs agricoles divisés par quatre en cinquante ans. Cela a deux conséquences : d’une part, le nombre de Français ayant une compréhension du monde agricole s’effondre, creusant le fossé et exacerbant les tensions entre agriculteurs et « néoruraux ». Pour les premiers, la campagne est un espace de production ; pour les seconds, elle est un lieu de vie qu’ils souhaitent préserver de toutes nuisances (bruits, odeurs, produits phytosanitaires). D’autre part, ce déclin démographique réduit l’influence politique des exploitants agricoles, affaiblissant leur voix et la défense de leurs intérêts. Ce recul politique, combiné à la pression des mouvements écologistes, place les agriculteurs dans une situation difficile.


Des coûts de production en hausse et des parts de marché en chute


Face à une législation européenne exigeante, appliquée avec une rigueur particulière en France, les agriculteurs font face à un désavantage concurrentiel, tant au sein de l’UE qu’à l’international. Cet enchaînement infernal commence par une hausse des coûts supérieure à celle de la concurrence, alors même que la France souffre déjà d’un déficit de compétitivité en raison d’un coût du travail élevé. À cela s’ajoutent des encouragements des pouvoirs publics pour le bio, plus coûteux à produire, et plus globalement, la montée en gamme des produits. Ce faisant, le cœur de gamme a été oublié et l’agriculture française a perdu des parts de marché à l’extérieur comme sur son marché domestique. En vingt ans, les principales productions de fruits ont chuté de moitié, et le secteur des légumes et de l’élevage suit la même trajectoire.


Enfin, les agriculteurs sont confrontés à une impossibilité de valoriser leur production au juste prix. Les industriels, les restaurateurs et la grande distribution exercent une pression constante, car les consommateurs refusent de payer davantage pour leur alimentation. Cette situation aboutit à des revenus sous tension, dans un contexte déjà difficile avec une météo capricieuse ayant nui aux rendements et à la qualité des productions, et la résurgence d’épizooties (grippe aviaire, fièvre catarrhale ovine, etc.). Pour de nombreux agriculteurs, sans le revenu du conjoint, la banqueroute est proche. On comprend mieux leur désarroi et cette rancœur du monde paysan qui n’attendra pas le 22 février prochain, date du début du salon de l’agriculture, pour se rappeler au bon souvenir des pouvoirs publics.


Publié le mardi 05 novembre 2024 . 4 min. 16

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