En octobre dernier, l'inflation s'est stabilisée à 1,2% marquant une quasi-stabilité par rapport au mois précédent. Si cette accalmie des prix est généralement perçue comme bénéfique pour le pouvoir d'achat des Français, la brutalité du retournement (l’inflation était encore supérieure à 3% en début 2024) engendre des défis importants à court terme pour le budget de l'État et la santé financière des entreprises, des PME plus particulièrement. Le premier impact se situe au niveau des rentrées fiscales.
Déséquilibre budgétaire croissant
Une inflation modérée entraîne une croissance plus lente de l’impôt perçu par la puissance publique. Les impôts indirects, tels que la TVA, sont en effet étroitement liés à l’évolution des prix à la consommation. Avec une inflation faible, la base taxable progresse plus lentement, ce qui réduit d’autant les rentrées fiscales prévues. Or la taxe sur la valeur ajoutée constitue près de 40% des recettes fiscales brutes du budget général. De plus, les impôts sur le revenu et les bénéfices des entreprises peuvent également stagner, voire s’atrophier, si les salaires et les profits n'augmentent pas en répercussion de la faiblesse de la hausse des prix.
Parallèlement, certaines dépenses publiques continuent de croître indépendamment du taux d'inflation présent. Les prestations sociales, les retraites et d'autres allocations sont souvent indexées sur l'inflation passée ou sur des indices spécifiques qui peuvent se retrouver temporairement décalés vis-à-vis de la conjoncture, ce qui peut entraîner une augmentation des dépenses alors même que le cycle d’inflation s’est, lui, inversé. Cette situation crée un déséquilibre budgétaire, où les dépenses augmentent plus rapidement que les recettes.
Pression salariale et défis pour le secteur privé
La multiplication des revendications pour une revalorisation salariale, soulignent la pression exercée sur le gouvernement pour répondre aux attentes voire exigences des agents publics. Ce maintien d’une tension salariale dans un contexte de faible inflation renforce les défis budgétaires, car toute concession pourrait alourdir encore plus les dépenses publiques. En outre, ces demandes créent des attentes similaires dans le secteur privé, avec des répercussions potentielles sur les coûts salariaux des entreprises.
Car ces dernières, notamment les PME, sont également affectées par la faible inflation qui limite leur capacité à augmenter les tarifs de leurs produits ou services, et réduit par la même occasion leurs marges bénéficiaires. Parallèlement, les coûts fixes, tels que les salaires, continuent de croître sous la pression des revendications sociales et de la concurrence pour attirer les talents. Les taux d’intérêt réels deviennent de plus en plus lourds et asphyxiants. Cette combinaison fragilise leur rentabilité, entraîne une baisse des investissements et accroît le risque de défaillances.
En surface, une inflation modérée semble bénéfique mais c’est oublier que dans ce contexte l’État se heurte à un étau budgétaire où les recettes stagnent tandis que les dépenses explosent. Les entreprises, quant à elles, voient leur équilibre financier mis à mal et menacer leur pérennité. La désinflation, quand elle trop brutale, n’est pas un remède mais un véritable poison !
Publié le mercredi 20 novembre 2024 . 3 min. 15
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