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France 2012-2017 : le prix des impasses de notre modèle économique

Publié le mardi 6 décembre 2011 . 9 min. 26

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Les prévisions économiques de Xerfi 2012-2017 en vidéo sur Xerfi Canal.

Alexandre Mirlicourtois, directeur des études Xerfi

Si l’on regarde dans le rétroviseur, la France a fait mieux que l’Allemagne en matière de croissance ces 15 dernières années. Et même beaucoup mieux ! Entre 1995 et 2010, le PIB français s’est ainsi élevé de 1,7% en moyenne par an contre 1,2% en Allemagne. Un demi-point de croissance sur 15 ans cela représente quand même près de 8 points d’écart à l’arrivée entre les deux pays : Paradoxe, c’est pourtant l’Allemagne qui est aujourd’hui la référence en Europe, le modèle à suivre. Erreur de diagnostic ? Il faut en fait analyser plus finement les données, séquence par séquence, pour poser un constat plus définitif. Pour l’hexagone, la tendance est à l’essoufflement progressif, quasi inéluctable, du rythme de croissance. Un rythme qui passe de 2,7% à 0,7%. C’est deux points de moins.  L’Allemagne, de son côté part de très bas. Elle descend à un niveau encore plus bas à mi-parcours. Mais, plus important, elle se redresse ensuite pour afficher un rythme de croissance près de deux fois supérieur à celui de la France sur la période 2005-2010. La leçon est claire : l’Allemagne a su trouver les bases de son rebond. La France, elle s’enfonce. Mais, il faut pousser un peu plus loin l’analyse. En d’autres termes, il faut se pencher sur la manière précise dont on fabrique de la croissance en France. Jusqu’à la fin des années 90, notre modèle est équilibré. Certes, la demande domestique assure l’essentiel de la croissance mais c’est sans mettre en péril les équilibres extérieurs. En d’autres termes, nous consommons essentiellement ce que nous produisons. Et ce que nous importons est compensé par ce que nous exportons. La rupture intervient aux débuts des années 2000. Le modèle de croissance prend toujours appui sur la force de la demande domestique mais cette fois ci une large part des biens que nous consommons ne sont plus produits sur le territoire. Bref, nous ne sommes plus assez compétitifs pour équilibrer ce déficit par des exportations. La contribution du commerce extérieur devient négative. Mais il faut encore aller plus loin. La demande domestique repose sur trois piliers : la consommation à plus de 57% et les dépenses publiques pour près d’un quart. Ensemble ces deux postes forment près de 82% de la demande domestique, le reste, soit 18% environ, allant vers l’investissement. Un investissement dirigé à près de 60% vers la construction. Il ne reste donc qu’une maigre part pour l’investissement productif. Un investissement pourtant essentiel aux entreprises pour gagner en compétitivité, croître et assurer la croissance de demain. La part de l’investissement est donc trop faible. Et cela ne va pas en s’améliorant. Sur les dix dernières années, la consommation s’est renforcée, les dépenses publiques se sont étoffées et la construction s’est consolidée. En fait seul l’investissement productif n’a pas suivi. Décidément la France a toutes les caractéristiques d’un pays du Sud de la zone euro. D’autant plus que ces dépenses sont financées en grande partie à crédit. Il faut remonter à 1973 pour retrouver trace d’un budget public positif. Depuis les déficits se sont accumulés avec à la clé un endettement qui a dépassé le pic de 85% du PIB au deuxième trimestre. Un endettement à la dérive qui se rapprochera irrémédiablement de la barre des 90% l’année prochaine. C’est un mur devenu infranchissable. Les taux d’intérêt ne cessent de grimper, et la charge de la dette devient catastrophique. Le bilan des 15 dernières années de croissance en France a le mérite de la simplicité : au fil du temps notre modèle de croissance est simplement devenu insoutenable. Stimulation de la consommation et accumulation des déficits se sont mutuellement nourries. En un mot comme en cent, nous avons basé notre modèle de croissance uniquement sur la demande. Un business model qui a mécaniquement conduit au sacrifice de l’offre et donc des entreprises qui produisent des biens et services sur le territoire. Cela débouche aujourd’hui sur une double crise. Celle de notre commerce extérieur et celle de notre endettement public. Une double crise qui se résume en un seul indicateur, celui du cumul de notre balance courante. Pour savoir si la France est ou non endettée, et à quel niveau, ce n'est pas le rapport dette de l'Etat / PIB  qu'il faut regarder, ce rapport est trop étroit. Non la dette de la France c’est la dette de tous acteurs réunis. Elle se mesure donc en additionnant la dette des entreprises, des ménages et de l’État envers des acteurs situés hors de nos frontières. La Banque de France publie chaque année un « compte des transactions courantes » qui décrit les échanges de biens, de services, de revenus et de transferts courants avec l'extérieur. Le solde de ce compte représente ce que la France a emprunté (ou prêté) chaque année. Comme vous pouvez le voir son examen nous montre que la France va tomber dans le rouge à partir de 2012. Assurément une telle conjoncture n'est pas saine. Pour faire court, nous vivons au dessus de nos moyens. C’est pour cela que notre modèle de croissance est à bout de souffle. Et en attendant qu’un nouveau modèle émerge, plus favorable cette fois-ci à l’offre, nous sommes condamnés à une croissance faible car la consommation qui est au cœur de notre système est en panne. Pas plus de 0,6% cette année. Pas plus de 0,2% l’année prochaine. Une contreperformance évidente si l’on se réfère aux standards affichés au début des années 2000. Une période durant laquelle elle a évolué sur une base annuelle de 1,8%. Facteurs conjoncturels, transformations structurelles se télescopent. Et ils nous conduisent à ce diagnostic : la panne sera durable. Conjoncturellement, la consommation se heurte à une série de murs. Le premier, c’est celui du chômage. Si l’on superpose les différentes catégories de chômeurs 4,7 millions de personnes sont inscrites à pôle emploi depuis août dernier. Un record. Et les anticipations en matière de créations d’emplois ne sont pas bonnes. L’environnement des entreprises ne leur permet pas d’être offensives. Ce qui se ressent d’ailleurs également dans leur politique salariale. Autre mur. L’inflation. Certes, la hausse des prix reste encore limitée mais les prix des produits importés vont se renchérir, notamment ceux en provenance de Chine. A cela s’ajoute le coût du logement qui pèse lourdement et absorbe une part croissante du budget des Français. Il faut encore ajouter, les conséquences des restrictions budgétaires et du tour de vis fiscal en cours…. et à venir. Enfin, il ne faudra pas compter sur le crédit à la consommation. Les banques sont elles aussi passées en mode défensif. Notre modèle de croissance basé sur la demande des ménages, a atteint son extrême limite. Il se heurte à ses propres contradictions dont le principal avatar est celui d’un creusement sans fin du déficit de notre commerce extérieur et la dérive de nos finances publiques. Restaurer ces équilibres ne sera pas une mince affaire. Cela passera forcément par un basculement de notre modèle de croissance vers un modèle plus favorable à l’offre, c'est-à-dire à nos entreprises. Quel que soit le candidat élu, cela devra passer par un basculement de notre fiscalité. Une fiscalité plus favorable à notre tissu de PME et d’entreprises de taille intermédiaire.  Mais le prix à payer pour changer de modèle économique va être très élevé. Car sans le soutien de la consommation, sans le dopage des dépenses publiques, sans le relai de l’investissement productif, et avec un commerce extérieur en panne et un secteur de la construction en berne, la croissance ne peut être que très faible. Nous prévoyons ainsi au mieux 0,3% de croissance pour 2012. Quand je dis au mieux, c’est pour ne pas vous désespérer, car la récession est une hypothèse qui se renforce, au fil des plans successifs d’austérité en France et en Europe. A moyen terme, c'est-à-dire à l’horizon 2017, la conjoncture sera déterminée par les exigences du basculement vers un modèle économique de l’offre. Un basculement qui aura des conséquences négatives sur la consommation et les secteurs de la distribution. Il ne faudra attendre aucune stimulation de notre environnement européen, bien au contraire. Il faudra sans doute se contenter d’une croissance moyenne très faible. Bon an mal an, on ne peut guère attendre plus de 0,8% de croissance. C’est le prix draconien à payer du choix stratégique de la zone euro d’imposer l’assainissement des finances publiques dans la précipitation et sans précaution. C’est le prix à payer de notre incapacité à négocier avec l’Allemagne une politique moins restrictive pour la zone euro. Mais c’est aussi le prix à payer pour corriger nos politiques économiques laxistes du passé, et notre absence de stratégie de l’offre.

Télécharger l'intégralité des prévisions économiques 2012-2017 de Xerfi


 


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