Tenir bon, c’est le crédo du petit commerce. Entre l'inflation passée, la faiblesse des marges et la baisse de la consommation, les indépendants luttent pour leur survie. Près de 7 000 procédures de redressements judiciaires, de liquidations, ont ainsi été recensées entre janvier et octobre dernier, soit un bond de 14% sur un an, de 26% par rapport au dernier exercice pré-Covid, ceci sans compter la multiplication des fermetures volontaires sans repreneurs derrière. Les racines des difficultés sont en partie structurelles : la montée du e-commerce en fait partie (même dans l’alimentaire), mais la conjoncture n’arrange rien non plus.
Une pression constante sur les marges et des trésoreries sous tension
Les commerçants sont pris entre deux feux : montée des charges d’un côté, stagnation de leurs ventes en volume de l’autre, sans possibilité de se rattraper sur les prix ou pas à proportion de la hausse des coûts. La pression est mise sur les marges. Témoin de cette détérioration, le taux de marge a plié. Replacer cette tendance dans un temps long montre que le mal est chronique depuis le début des années 2000. Plus inquiétant encore, l’excédent brut d’exploitation (c’est-à-dire ce qui reste du chiffre d’affaires une fois payées les factures, le personnel et les impôts) diminue aussi en valeur absolue.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’une bonne partie des petits commerçants indépendants doit encore s’acquitter de leurs PGE, les prêts garantis par l’État : les trésoreries s’assèchent. Cet environnement diminue la capacité des établissements à réaliser les investissements nécessaires à leur adaptation : digitalisation, transition écologique ou renouvellement des stocks. Quant à la réduction de l’EBE, elle impacte la valorisation des fonds de commerce, car cet indicateur est un élément clé pour déterminer le prix de cession. Fragilisés, nombre de commerçants se retrouvent contraints de mettre la clé sous la porte. Les fonds perdent instantanément de leur valeur, au moment même où de nombreux locaux se retrouvent sur le marché.
Un moral en berne
Pas étonnant dès lors que les commerçants broient du noir. Le climat des affaires plonge à nouveau et s’éloigne de ses niveaux standards. Depuis la crise de la Covid, il n’a jamais dépassé sa moyenne de long terme. Quant au solde d’opinion relatif aux ventes prévues, il ne laisse entrevoir aucune amélioration d’ici le printemps prochain. Le solde associé au jugement sur les stocks augmente et s’éloigne de sa moyenne de long terme, ce qui provoque des problèmes de financement. Les intentions de commandes stagnent à bas niveau, tandis que celles d’embauche reculent. Bref, les commerçants ont le pied sur le frein, illustrant leur manque de visibilité et de confiance dans l’avenir.
Une consommation à plat
Pour inverser la tendance, la prescription est simple à donner : il faut que les clients retrouvent le chemin des magasins et dépensent. Ils en ont les moyens, pas tous, mais l’effort d’épargne et l’épargne financière accumulée ces dernières années par les Français sont hors normes. Mais rien n’y fait. Le moral des ménages stagne à bas niveau, tout comme l’opportunité de faire des achats importants. L’incertitude politique et fiscale pèse, et elle pourrait même s’amplifier. Dans ce contexte, comment croire que l’état de faiblesse et d’attentisme dans lequel se trouvent actuellement les Français va disparaître ? La consommation des ménages est à plat et le restera à court terme. Rideaux baissés, locaux vides, fermetures de magasins… L’année 2025 s’annonce une nouvelle fois pleine de difficultés pour le petit commerce indépendant.
Publié le mercredi 15 janvier 2025 . 3 min. 42
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