Le Canada : un eldorado économique discret

Vingt fois plus grand que la France avec une population de 40 millions d'habitants seulement, le Canada est un pays riche où le revenu moyen de ses habitants est sensiblement supérieur à celui des Français. Il figure parmi le top 10 des puissances économiques mondiales, derrière l'Italie mais devant le Brésil. Sa prospérité, le Canada la doit à l'abondance et à la valorisation de ses ressources naturelles, qui lui ont permis de développer un vaste secteur énergétique et minier. Avec une production journalière d'environ 5 millions de barils de pétrole brut (dont la majorité provient des sables bitumeux de l’Alberta), il se positionne comme le quatrième producteur mondial de pétrole brut et le cinquième producteur de gaz naturel. Ces deux industries sont des moteurs de premier plan pour l'emploi, les exportations et l'activité économique en général : ensemble, elles représentent un quart des exportations, contribuent à près de 8% du PIB et emploient directement et indirectement plus de 445 000 personnes.

Une dépendance croissante aux prix de l’énergie

Quand les cours de l’or noir ou du gaz flambent, l'économie canadienne est prospère, d'autant que le secteur pétrolier tend à croître plus rapidement que le reste de l'économie. La valeur ajoutée générée par les hydrocarbures a ainsi été multipliée par deux en quelques années seulement. Cependant, cette croissance rapide a pour conséquence une dépendance accrue aux prix de l'énergie. En incluant l'hydroélectricité et le charbon, le secteur énergétique représente plus de 10% du PIB du pays. À cela s'ajoute un puissant secteur minier, avec des positions fortes dans la potasse, indispensable à la production d'engrais, où le Canada est le premier exportateur mondial, ainsi que dans l'uranium, où il se place en deuxième position mondiale. L'or, le nickel et le cuivre complètent cette abondante richesse minière, un levier important pour l'économie, avec des entreprises parmi les leaders mondiaux de l'extraction et des technologies minières.

Les vastes terres agricoles du Canada en font également un acteur majeur dans la production de céréales (blé, orge), de viande et de produits laitiers. Le couple agriculture-industrie agroalimentaire (IAA) représente environ 7% du PIB du pays et un emploi sur neuf, faisant du Canada le huitième exportateur mondial. La première force du Canada réside ainsi dans son secteur primaire et son rôle d’entraînement sur le reste de l'économie, sans oublier certains points forts dans le secteur manufacturier, notamment dans la fabrication de matériel de transport, de produits chimiques et de produits métalliques.

Des métropoles dynamiques et un soutien démographique

Les grandes métropoles canadiennes comme Toronto, Vancouver et Montréal sont devenues des centres dynamiques pour les industries technologiques et les startups, notamment dans l'intelligence artificielle, la fintech et les jeux vidéo. L'économie canadienne bénéficie également de deux autres atouts majeurs : d'abord, sa proximité avec l'économie américaine, qui absorbe environ 75% des exportations canadiennes et avec laquelle le Canada dégage un excédent commercial confortable. Bien que l'élection de Donald Trump ait suscité des inquiétudes, les deux pays restent liés par l'Accord États-Unis-Mexique-Canada (USMCA), même si sa renégociation en 2026 pourrait soulever des craintes.

Le deuxième atout du Canada repose sur sa croissance démographique, soutenue par une immigration massive. Plus de 2,5 millions d'immigrants sont venus s'installer entre 2022 et 2023, ce qui a permis de relâcher la pression sur le marché du travail et de calmer les tensions salariales, même si elles n'ont pas complètement disparu. Cette croissance démographique a également contribué à inverser la courbe de l'inflation après un pic qui avait contraint la Banque centrale à remonter ses taux de 0,25% à 5% en moins d’un an et demi. Depuis, l'inflation s'est stabilisée, mais la hausse des taux a provoqué une crise dans le secteur de la construction-immobilier au moment du boom démographique, rendant l'accès au logement plus difficile. Un revers qui ne doit pas masquer que le Canada reste un Eldorado pour de nombreux immigrés, notamment Français.