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Les apparences sont trompeuses. Un exemple : le cours du pétrole en 2024. Il semble avoir été particulièrement sage. Sur les 10 premiers mois de l’année, le Brent s’est situé en moyenne à près de 82 dollars le baril, soit un dollar environ en dessous de son niveau de 2023. Sans prendre aucun risque, il est possible d’affirmer qu’il devrait reculer de 1% environ sur l’ensemble de l’année. En revanche, bien plus compliqué est de déterminer où sera le prix de l’or noir en 2025, voire même simplement fin 2024 tant sa volatilité est importante et échappe à la simple confrontation de l’offre et de la demande. Le déroulé du film de 2024 en apporte une preuve supplémentaire.


Montagnes russes


L’année a commencé avec des réductions de production des pays membre de l’OPEP et de leurs alliés sous fond d’une nouvelle montée des tensions au Moyen-Orient. L’épilogue de cette première phase, le lancement d’une attaque de drones et de missiles par l’Iran contre Israël début avril : la barre des 90 dollars le baril est franchie, celle des 95 se rapproche, celle des 100 n’est qu’une question de temps. Mais non, le soufflé retombe violemment et le baril est à deux doigts de casser le plancher des 75 dollars début juin. L’élément surdéterminant : l’inquiétude entourant la croissance mondiale, chinoise plus particulièrement, fait craindre un tassement de la demande de pétrole. Surtout qu’en face, la production américaine de brut accélère à nouveau avec celles du Canada, du Brésil et du Guyana. Nouveau changement de tendance à l’approche de l’été, les cours remontent notamment parce que l’OPEP+, à contrecourant de l’agenda prévu, décide de maintenir ses quotas. Puis les montagnes russes reprennent, au gré des réunions de l’OPEP, des tensions géopolitiques et des craintes d’approvisionnements. Dernier épisode en date, les représailles israéliennes sur le territoire iranien dans la nuit du 25 et 26 octobre. En évitant les frappes sur les infrastructures pétrolières et nucléaires, la pression mise sur les cours a néanmoins été limitée et temporaire. L’escalade a été évitée, mais la situation peut dégénérer à la moindre étincelle.


Prévisions et incertitudes futures


Dans ce contexte quelles certitudes pour 2025 ? Côté offre, l’orientation est à la hausse. Le contingentement des pays de l’OPEP + devrait progressivement se réduire et la production des pays non-membres de l’organisation continuer de s’accroître. En outre, après des années de baisse, les investissements dans de nouvelles capacités d’extraction sont repartis à la hausse. À long terme, le potentiel de progression de l’offre est peut-être limité mais la production ne s’effondrera pas de sitôt.


Côté demande, la tendance est aussi à la hausse, la stagnation de la consommation des pays de l’OCDE étant compensée par celle venue d’ailleurs, des pays émergents, notamment de la Chine malgré l’essor de la mobilité électrique et le basculement progressif du mix énergétique du pétrole au gaz et aux énergies renouvelables. Quant aux pays occidentaux, le calendrier de la sortie des énergies fossiles est pour le moins utopique.


Le bilan de ces deux forces, c’est un marché qui va se retrouver en excès d’offre en 2025, à moins que des événements, par nature imprévisibles, ne changent la donne : blocage par les Iraniens du détroit d’Ormuz où transite 20 à 30% de la consommation mondiale de brut, attaques sur des sites pétroliers, le champ des possibles est immense. Historiquement, le cours du gaz naturel s’inscrit dans les pas de celui du pétrole, cela tient au fait qu’il soit souvent un sous-produit de l’extraction pétrolière. Le développement des marchés de gros de gaz naturel, les conséquences du conflit en Ukraine ont distendu le lien mais il n’a pas disparu et devrait en partie se resserrer. Mais que ce soit le pétrole ou le gaz, anticiper les prix à venir tient plus du pari que de la prévision issue de modèles, les plus complexes soient-ils.


Publié le mercredi 06 novembre 2024 . 4 min. 22

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