2025 s’ouvre sur de nombreux défis économiques pour la France. Plutôt que de livrer un inventaire à la Prévert, voici cinq défis majeurs qui, s’ils sont relevés, permettront de qualifier l’année de « réussie ». L’exercice 2024 a marqué un tournant avec une prise de conscience collective : la fuite en avant dans les déficits et l’endettement public est une voie sans issue. Il faudrait aller un cran plus loin cette année et comprendre qu’aux racines du problème, il y a un modèle social à bout de souffle.
Un modèle social sous pression
Tout part d’une simple constatation : la France a des besoins supérieurs à sa capacité à les produire. Autrement dit, selon l’économiste Philippe Weachter, « le modèle social a besoin d’une création de richesse plus élevée que celle que le système productif peut actuellement fournir ». Pour le mesurer, il suffit de mettre en parallèle pouvoir d’achat et productivité. Pour que le système soit efficace, les gains de productivité (c’est-à-dire l’efficience avec laquelle le volume de travail est utilisé pour produire des biens et des services) ne peuvent rester trop longtemps inférieurs à la progression des rémunérations et/ou la diminution du temps de travail. Or ils le sont ! La conséquence est double : dégradation de la compétitivité des entreprises ; accroissement du déficit public et de la dette via l’augmentation des transferts sociaux. Le divorce est même très net depuis 2019. Le pouvoir d’achat progresse de 0,8% l’an quand la compétitivité n’a toujours pas restauré son niveau d’avant la pandémie. Tant que ces deux-là ne seront pas sur la même dynamique, nul espoir de restaurer nos finances publiques et nos déficits extérieurs.
Stabiliser l’épargne et les investissements
Le deuxième défi, c’est un deux en un : disposer d’un cadre fiscal et budgétaire stable, pas nécessairement ultra-favorable, mais suffisamment lisible pour que ménages et entreprises puissent s’y adapter. Premier enjeu : retrouver des comportements d’épargne des Français standards. C’est loin d’être le cas. À près de 9%, le taux d’épargne financière se situe (hors crise sanitaire) à son plus haut niveau depuis 1949. L’encours des placements financiers des particuliers est désormais supérieur à 6 000 milliards d’euros. Que les ménages reviennent à un niveau d’épargne classique, qu’ils puisent dans leurs économies, et ce sont plusieurs milliards d’euros qui viendront alimenter les circuits de distribution et au-delà l’ensemble des activités BtoC avec tous les effets d’entraînement sur les fournisseurs mais aussi les rentrées fiscales (notamment de TVA).
Deuxième enjeu, pour les entreprises, c’est de sortir du brouillard pour relancer investissements et embauches. L’environnement économique est certes difficile, c’est la vie des affaires. Mais comment s’y adapter sans connaître le contexte fiscal et social dans lequel on va évoluer les prochains mois ? L’investissement a été ajusté en 2024 sur toutes ses composantes : construction, biens d’équipement et services depuis l’été dernier. L’effort s’est sensiblement relâché alors qu’il devrait s’intensifier pour que le « made in France » reste dans la course vis-à-vis de la concurrence internationale. La donne est la même en matière d’emplois. Le nombre d’embauches est sur la corde raide et les créations nettes d’emplois sont dans le rouge. Sur ces deux items (investissement, emplois), stopper l’hémorragie serait déjà une victoire en 2025.
La construction : un secteur en crise
Parvenir à sortir la construction neuve de la crise serait aussi une grande réussite. Il ne faut attendre aucun miracle des retombées de la politique de détente des taux de la BCE. Au-delà du contexte économique et financier, la confiance n’est pas là. Surtout, le débat autour de la majoration des droits de mutation, aussi appelés frais de notaires, rappelle à tous ô combien l’immobilier est une cible fiscale facile alors qu’au contraire il faudrait faire revenir les investisseurs sur le marché de l’investissement locatif.
Enfin, le dernier défi dépasse un simple défi économique : il s’agit de rétablir la force de la voix de la France en Europe. La signature par Ursula von der Leyen de l’accord avec le Mercosur, malgré l’opposition française, montre qu’elle porte moins et que l’économie française peut servir de variable d’ajustement, notamment son agriculture. Or le pays devra peser de tout son poids pour convaincre ses partenaires européens de faire front commun face à Donald Trump et de ne pas s’engager dans des relations bilatérales pour préserver leurs pré-carrés au détriment des autres. L’enjeu, c’est de sauver l’un de nos rares excédents commerciaux vis-à-vis d’une grande puissance alors que nos comptes extérieurs sont déjà dans le rouge.
Le risque pour 2025, c’est bien que la France s’enlise davantage, mais en relevant ces défis, elle peut aussi poser les bases d’un redressement durable et d’une année réussie
Publié le lundi 06 janvier 2025 . 4 min. 50
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d'Alexandre Mirlicourtois



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