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L’inflation, ce n’est rien d’autre qu’une très puissante machine à redistribuer les richesses et quand elle se réactive cela fait inévitablement des gagnants et des perdants. À la suite du 1er choc pétrolier en octobre 1973, ce sont les entreprises qui ont encaissé la totalité du choc inflationniste au prix donc d’une forte contraction de leur taux de marge et de leurs profits. De leur côté, les salariés en poste étaient protégés par l’indexation des salaires.


Autre temps, autres mœurs, aujourd’hui dans le sillage du nouveau choc énergétique c’est l’inverse. Les rémunérations courent après la hausse des prix sans jamais la rattraper. Et nombre d’entreprises ne se contentent pas de préserver leurs marges, mais les augmentent : entre le début et la fin 2022 le taux de marge (EBE/VA) a gagné 0,7 point alors que l’inflation passait sur la même période de 3,7 à 6,1%. Bref, les entreprises ont réussi cette fois-ci à repasser aux consommateurs la flambée de leurs coûts d’approvisionnements. Et même à aller au-delà, entretenant ainsi ce qu’il faut bien appeler « une boucle prix-profit ».


Tout ça ne doit pas voiler le fait que toutes ne sont pas logées à la même enseigne. Cela dépend de deux principaux critères :


1. de leur pouvoir de négociation vis-à-vis de leurs salariés dont résulte le degré d’indexation de leurs salaires aux prix ;
2. de leur pouvoir de marché, c’est-à-dire de leur plus ou moins grande capacité à faire passer des hausses de prix à leurs clients.


Ce dernier point est fondamental et explique pourquoi la redistribution des richesses ne se limite pas simplement au jeu du mistigri entre ménages et entreprises, mais tout autant entre secteurs d’activité, entre entreprises.


Les énergéticiens tirent leur épingle du jeu


Parmi les grands gagnants, les sociétés à l’épicentre du foyer inflationniste qui opèrent dans les secteurs en pénurie et qui peuvent donc facilement imposer leur prix, autrement dit les énergéticiens. Par leurs hausses tarifaires, ils opèrent une ponction sur tous les secteurs utilisateurs et les ménages, source de superprofits comme en témoignent la valorisation et les bénéfices historiquement élevés de TotalEnergies. Mais c’est aussi le cas d’Engie qui a vu ses résultats rebondir l’année dernière. Au-delà de ces exemples, l’ensemble de la branche énergie-eau-déchet est l’une de celle qui profite le plus de la situation actuelle avec un taux de marge (EBE/VA) exceptionnellement élevé, tout comme les services de transport où il atteint un sommet propulsé notamment par les résultats détonnants du fret maritime. À ce titre, l’armateur CMA-CGM a réalisé un profit record de 23,5 milliards d’euros l’année dernière. C’est le bénéfice le plus élevé publié par une entreprise française en 2022 ; c’est aussi le plus important jamais enregistré dans l’histoire de l’économie française !


Les marges des marques de l’agroalimentaire au plus haut


Très forte progression des tarifs du fret maritime à la suite de la crise sanitaire ou progression des prix de vente de l’électricité bien au-delà du renchérissement des coûts moyens de production des énergéticiens sont au cœur de ces performances. Mais c’est aussi l’agroalimentaire dont le taux de marge a retrouvé son plus haut niveau depuis près de 20 ans. Nestlé, Coca-Cola, Danone, Pernod Ricard ou Mondelez (avec des marques comme Belin, LU, Suchard ou Hollywood) ont connu une année faste, auxquels il conviendrait d’ajouter les producteurs de produits de grande consommation comme Procter & Gamble ou Unilever.
Il y a peut-être du rattrapage dans cette hausse, mais que les choses soient claires : ce n’est pas l’augmentation des volumes, mais bien celle des prix qui explique leurs bons résultats et qui alimente en partie aujourd’hui l’inflation générale.
Il faut aussi y ajouter les entreprises qui ont un positionnement haut de gamme ou technologique et s’adressent à un segment de clientèle peu impacté par la crise. Les profits records, mais plus encore leurs envolées pour Hermès, L’Oréal, LVMH, ou Kering en sont l’illustration.


Des secteurs sous pression


Mais à trop se focaliser sur les superprofits des uns, on en oublierait presque que pour d’autres la situation s’est tendue :


• C’est le cas notamment des services aux ménages, mais aussi de la branche hébergement-restauration, où à rebours de la tendance moyenne, les taux de marge ont été en repli tout au long de 2022.
• La pression est mise également sur le commerce, qu’il soit généraliste ou spécialisé, et même la grande distribution n’en sort pas totalement indemne, car si Carrefour a vu son bénéfice augmenter, Casino, Auchan ont de leur côté publié des comptes dégradés.
• Les services aux entreprises n’échappent pas non plus à ce mouvement. Professions souvent atomisées, disposant d’un faible pouvoir de marché, elles entrent dans la chaîne de coûts de production des fabricants, des distributeurs ou des prestataires de services B2C. Leurs tarifs subissent dès lors de fortes pressions et ne suivent pas l’évolution de leurs coûts, notamment salariaux. C’est le cas des services de soutien à moindre valeur ajoutée, où les salaires sont proches du SMIC et donc indexés sur le niveau d’inflation. Le violent décrochage de leur taux de marge montre bien qu’ils n’alimentent pas ou faiblement la hausse des prix de leurs clients.


« Les profits des entreprises gonflent l’inflation » : la sentence est trop réductrice. Ce sont les superprofits, très concentrés dans certaines branches d’activité, la reconstitution parfois spectaculaire des marges dans d’autres qui en sont à l’origine alors que de nombreuses entreprises, comme les ménages, sont sous pression.


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