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L’agriculture européenne alimente majoritairement les animaux et les voitures, plutôt que les humains. C’est l’un des messages chocs de l’étude “Produire autrement : le système alimentaire européen dans l’impasse » publiée en octobre dernier par l’organisation de défense de l’environnement, Greenpeace.

Tout part de ce premier constat, les productions du vieux continent entre 2007 et 2016 des grandes familles de produits sont en fortes hausses. C’est notamment le cas des produits laitiers (+8%) à partir d’un niveau d’offre pourtant déjà élevé, des céréales (+13%) et bien plus des légumineuses (+49%) c’est-à-dire toutes ces cultures récoltées dans le seul but d’obtenir des grains secs (haricots secs, lentilles, pois, etc.) très riches en protéines végétales. Une flambée certes des légumineuses, mais à partir d’un niveau de production relativement bas.

En face, il y a la population européenne en hausse exactement de 2,4%. En d’autres termes, l’augmentation de la production agricole n’est qu’en partie, et en partie seulement, destinée à nourrir les bouches européennes supplémentaires. Une part importante prend la direction des exports. Entre 2006 et 2017, les exportations de céréales de l’Union Européenne à 28 (notamment de blé, d’orges et maïs) ont plus que doublé alors que celles de produits laitiers progressaient de 35%.

Mais, pour ce qui reste ancré sur le sol européen, une grande part est utilisée pour la nourriture animale. Rien de plus logique, excepté le bœuf, la production est en hausse, pour le porc et encore plus pour la volaille où elle atteint 25% sur la même période. Bilan de cette augmentation et des tendances passées,  exceptés, les fruits et les légumes quasiment uniquement destinées à l’alimentation humaine, l’écrasante majorité des autres cultures est utilisée pour l’alimentation animale de 53% pour les légumineuses à 88% pour le soja à en passant pour près de 60% pour l’ensemble des céréales. Plus de 71% des terres agricoles de l’UE servent à alimenter le bétail. Même en excluant les pâturages et en se centrant uniquement sur les terres réellement destinées à la culture stricto sensu, 63% des terres cultivables servent à nourrir les bêtes.

Conséquences, l’Europe produit trop de viandes et de produits laitiers transformés et si une partie part à l’étranger, il faut bien l’admettre que l’autre sert à servir un marché domestique et alimente la surconsommation. D’après les calculs de Greenpeace un citoyen européen moyen consomme plus de 80 kg de viande par an. Or, pour garantir la sécurité alimentaire tout en limitant le réchauffement climatique, les Européens devraient réduire leur consommation totale de viande à 24 kg par personne et par an d’ici 2030, puis à 16 kg par personne et par an d’ici 2050 ! Cela fait quand même une réduction de 80% en 30 ans !

Autre orientation de certaines cultures, encouragée par l’Union Européenne avec sa Directive sur les énergies renouvelable, la production d’agrocarburants. A l’état embryonnaire au milieu des années 2000, l’utilisation de blé tendre dans la production d’agroéthanol a été multipliée par plus de 4 et dépasse désormais les 4 millions de tonnes. Le mouvement est encore plus spectaculaire pour le maïs en grain avec plus de 6 millions de tonnes utilisées. Des carburants, qui par abus de langage n’ont de bio que le nom. Renouvelables certes, mais émetteurs de gaz à effet de serre, tout autant que l’or noir.

Bref, l’agriculture européenne a devant elle une révolution de l’usage des sols qui passe par une révolution des usages alimentaires.


En savoir plus sur le rapport Greepeace


Publié le mercredi 20 janvier 2021 . 3 min. 28

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