Il y a comme un air d’enterrement autour des ZFE. Deux amendements en commission spéciale proposant leur suppression ont été votés à une large majorité. ZFE, pour « Zones à Faibles Émissions ». Un instrument de lutte contre les dégâts sanitaires causés par la pollution de l'air liée à l’automobile qui consiste à ne tolérer que les véhicules les plus récents dans les centres-villes, rebaptisées par ces opposants « Zones de Fortes Exclusions ». Pour ces derniers, le message est clair : « qui trie les voitures trie les humains ». Le sujet est hautement inflammable. À moins d’un an des élections municipales, le souvenir des gilets jaunes refait surface et les ZFE seront un des enjeux des prochaines élections.
Une urgence sanitaire bien documentée
Il faut revenir sur quelques principes de base et quelques chiffres pour éclairer le débat. Le constat : l’air de nos villes est pollué. Cette pollution tue. L’automobile n’est pas l’unique responsable mais y participe. C’est suffisamment documenté. L’objectif : protéger la santé publique, en réduisant la pollution, c’est-à-dire en effectuant une transition vers une mobilité plus propre et plus douce. Le principe : limiter l’accès des véhicules les plus polluants dans certaines zones urbaines. Les ZFE sont imposées par la loi (en partie poussées par les exigences européennes de qualité de l’air) mais mises en place par les collectivités locales. Sur la feuille de route, pas de contestations possibles. En revanche, là où le bât blesse c’est sur sa mise en application.
Une exclusion massive du parc automobile
Limiter l’accès à certaines zones aux seuls véhicules électriques ou de Crit’Air 1 et 2, c’est interdire de rouler à 30% du parc automobile français, soit l’équivalent de plus de 10 millions de véhicules. Or, ce parc n’est évidemment pas équitablement réparti et il existe une double ségrégation. En termes de niveau de vie d’abord. Quatre indicateurs suffisent. En termes de motorisation : 2 voitures sur 3 des 10% des ménages les plus modestes tournent au diesel. C’est à peine 40% pour les plus aisés. La motorisation électrique qui est, elle, plébiscitée est réservée à l’élite : 20% des ménages les plus favorisés détiennent quasiment la moitié du parc, contre à peine plus de 5% pour les 20% disposant des revenus les plus modestes.
Une fracture automobile profondément inégalitaire
Parallèlement, les véhicules plus anciens sont plus fréquents parmi les ménages modestes. Les voitures de plus de 15 ans représentent jusqu'à 43% de celles détenues par les 10% les plus pauvres, contre moins d’une sur cinq dans le parc des 10% des plus aisés. Finalement, l’ensemble de l’information est synthétisé dans la répartition du parc ayant le droit de rouler dans les ZFE : les Crit’Air E, 1 et 2 représentent à peine la moitié du parc des plus modestes mais 80% à l’autre bout de l’échelle.
Deux France face à la transition écologique
La seconde ségrégation est spatiale. Centres urbains vs ruralité. Plus de 85% des véhicules à Paris disposent du bon sésame ; mais nettement moins d’un sur deux dans des départements ruraux comme l’Indre, La Creuse. Or, les ZFE tendent à se répandre un peu partout, 25 sur le territoire au 1er janvier dernier.
Et on arrive à ces deux France irréconciliables : avec d’un côté les ménages les plus aisés, qui ont les moyens de vivre en centre-ville, qui disposent des transports collectifs, qui peuvent se permettre de ne plus avoir de véhicule ou s’il en ont un, répondant parfaitement aux bons critères, et de l’autre les plus modestes, en périphérie ou zones rurales, qui n’ont d’autre choix que la multi-motorisation avec des autos trop polluantes pour accéder au centre-ville et dont la valeur ne cesse de dégringoler.
Entre les deux, un manque d’accompagnement de l’État : le soutien à l’électrification a été divisé par deux, le leasing social n’aura duré que quelques semaines. Concilier impératif sanitaire et justice sociale est pourtant un impératif, au risque sinon de revoir une « gilets-jaunes-revendications » de la France.
Une urgence sanitaire bien documentée
Il faut revenir sur quelques principes de base et quelques chiffres pour éclairer le débat. Le constat : l’air de nos villes est pollué. Cette pollution tue. L’automobile n’est pas l’unique responsable mais y participe. C’est suffisamment documenté. L’objectif : protéger la santé publique, en réduisant la pollution, c’est-à-dire en effectuant une transition vers une mobilité plus propre et plus douce. Le principe : limiter l’accès des véhicules les plus polluants dans certaines zones urbaines. Les ZFE sont imposées par la loi (en partie poussées par les exigences européennes de qualité de l’air) mais mises en place par les collectivités locales. Sur la feuille de route, pas de contestations possibles. En revanche, là où le bât blesse c’est sur sa mise en application.
Une exclusion massive du parc automobile
Limiter l’accès à certaines zones aux seuls véhicules électriques ou de Crit’Air 1 et 2, c’est interdire de rouler à 30% du parc automobile français, soit l’équivalent de plus de 10 millions de véhicules. Or, ce parc n’est évidemment pas équitablement réparti et il existe une double ségrégation. En termes de niveau de vie d’abord. Quatre indicateurs suffisent. En termes de motorisation : 2 voitures sur 3 des 10% des ménages les plus modestes tournent au diesel. C’est à peine 40% pour les plus aisés. La motorisation électrique qui est, elle, plébiscitée est réservée à l’élite : 20% des ménages les plus favorisés détiennent quasiment la moitié du parc, contre à peine plus de 5% pour les 20% disposant des revenus les plus modestes.
Une fracture automobile profondément inégalitaire
Parallèlement, les véhicules plus anciens sont plus fréquents parmi les ménages modestes. Les voitures de plus de 15 ans représentent jusqu'à 43% de celles détenues par les 10% les plus pauvres, contre moins d’une sur cinq dans le parc des 10% des plus aisés. Finalement, l’ensemble de l’information est synthétisé dans la répartition du parc ayant le droit de rouler dans les ZFE : les Crit’Air E, 1 et 2 représentent à peine la moitié du parc des plus modestes mais 80% à l’autre bout de l’échelle.
Deux France face à la transition écologique
La seconde ségrégation est spatiale. Centres urbains vs ruralité. Plus de 85% des véhicules à Paris disposent du bon sésame ; mais nettement moins d’un sur deux dans des départements ruraux comme l’Indre, La Creuse. Or, les ZFE tendent à se répandre un peu partout, 25 sur le territoire au 1er janvier dernier.
Et on arrive à ces deux France irréconciliables : avec d’un côté les ménages les plus aisés, qui ont les moyens de vivre en centre-ville, qui disposent des transports collectifs, qui peuvent se permettre de ne plus avoir de véhicule ou s’il en ont un, répondant parfaitement aux bons critères, et de l’autre les plus modestes, en périphérie ou zones rurales, qui n’ont d’autre choix que la multi-motorisation avec des autos trop polluantes pour accéder au centre-ville et dont la valeur ne cesse de dégringoler.
Entre les deux, un manque d’accompagnement de l’État : le soutien à l’électrification a été divisé par deux, le leasing social n’aura duré que quelques semaines. Concilier impératif sanitaire et justice sociale est pourtant un impératif, au risque sinon de revoir une « gilets-jaunes-revendications » de la France.
Publié le mardi 01 avril 2025 . 4 min. 13
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