L'essor incertain du marché des protéines alternatives

À l’heure où la soutenabilité du système alimentaire mondial est menacée par l’explosion à venir de la consommation de viandes, les groupes industriels et biotech accélèrent leurs investissements dans les protéines alternatives. Cela passe par des extensions de capacités, par une course aux brevets et aux technologies ou encore par des acquisitions. Pour répondre aux besoins de l’agro-industrie, l’offre se diversifie en priorité vers les insectes, les viandes cellulaires ou les concentrés et isolats de pois, avec un potentiel de croissance a priori énorme. Ce sont quelques-unes des observations réalisées dans la dernière étude de la collection Xerfi Innov sur le marché des protéines alimentaires.

Mais plusieurs incertitudes se font jour. D’une part, la demande sera-t-elle vraiment au rendez-vous ? D’autre part, les business models semblent encore fragiles et les échecs nombreux. De fait, il s’agit de structurer ce secteur émergent pour passer du laboratoire à la production industrielle alors que la concurrence se renforce, sur fond de dégradation des conditions économiques et financières.

Dans ce contexte, quels acteurs sont les mieux positionnés pour impulser ce changement d’échelle ? Quels sont les leviers privilégiés par les agroindustriels et les start-up pour se développer ? Et quelles sont les réelles perspectives du marché d’ici 2025 ? Pour répondre à ces interrogations, l’étude a décrypté les stratégies de croissance des start-up et des industriels à travers de nombreux exemples et études de cas concrets. Parmi celles-ci, nous pouvons retenir :

• Le développement de partenariats pour mutualiser les risques et les coûts à l’exemple de ceux noués par Avril avec Evertree et DSM pour avancer sur les matières protéiques végétales, ou encore entre InnovaFeed, ADM et Cargill sur les protéines d’insectes.
• 2e axe, le passage de cap de l’industrialisation, une étape cruciale pour les start-up des filières des nouvelles protéines. L’étude de cet axe est l’occasion de faire le point sur les 100 M€ levés par Agronutris pour construire son premier site à Rethel, dans les Ardennes.
• Citons aussi l’internationalisation pour se rapprocher des débouchés dynamiques à l’instar des efforts déployés par Roquette qui a construit au Canada la plus grande usine de protéines de pois au monde, ou encore d’Ynsect qui est déjà présent industriellement aux Pays-Bas et aux États-Unis.
• Enfin, les acteurs du marché cherchent aussi à se diversifier, à étendre leur offre et à développer de nouvelles applications. Les experts de Xerfi se sont ici intéressés aux applications des protéines d’algues en dehors de l’alimentation humaine, ou encore à l’utilisation des coproduits des fermes d’insectes comme le frass ou les huiles.